Description of Historic Place
La mairie de Saint-Eustache, citée monument historique, est un ancien édifice conventuel construit en 1898. Le bâtiment en pierre d'inspiration Second Empire, de plan rectangulaire et à trois étages, est surmonté d'un toit mansardé. Un clocheton couronne l'édifice. La façade latérale droite est flanquée d'un second volume à deux étages couvert d'un toit plat entouré d'une balustrade. La mairie de Saint-Eustache occupe une pointe de terre à la confluence de la rivière des Mille Îles et de la rivière du Chêne. Elle se situe au coeur de la ville de Saint-Eustache, à proximité de l'église et du presbytère.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de la mairie de Saint-Eustache repose sur son intérêt historique. L'édifice occupe un emplacement important associé à l'histoire de Saint-Eustache. Il remplace un premier couvent construit en 1833. Lors des rébellions de 1837 et 1838, le bâtiment est le théâtre d'un événement marquant : soit la bataille de Saint-Eustache. Le 14 décembre 1837, le docteur Jean-Olivier Chénier (1806-1837) et ses compagnons s'emparent du couvent et y établissent leur quartier général. Ils sont assiégés par les troupes britanniques, commandées par John Colborne (1778-1863), qui bombardent et incendient l'édifice. Chénier trouve la mort dans cette bataille ainsi que plusieurs de ses hommes. Lourdement endommagé par les flammes, l'édifice est reconstruit au printemps 1838 par le curé Jacques Paquin (1791-1847). Le couvent donne un enseignement pour les jeunes filles. La congrégation de Notre-Dame prend la direction du couvent de Saint-Eustache en 1849, et elle en assure la supervision pendant plus de 130 ans. Le couvent est jugé vétuste en 1897, et est reconstruit l'année suivante. Il est maintenant connu sous l'appellation mairie de Saint-Eustache. Les travaux sont dirigés par le curé Calixte Ouimet (1894-1900). Ce lieu est aujourd'hui l'un des témoins des rébellions de 1837 et 1838.
La valeur patrimoniale de la mairie de Saint-Eustache repose sur son intérêt architectural. Construit en 1898, l'édifice illustre un modèle de couvents ruraux fréquemment utilisé au Québec dans le dernier quart du XIXe siècle. Ce modèle se caractérise par son plan rectangulaire, son soubassement surhaussé, son élévation de trois étages et son clocheton central. Le couvent de la Congrégation-de-Notre-Dame (1877) à Neuville, la résidence du Bon-Pasteur (1882-1883) à Champlain, et la maison de la Culture (1889) à l'Assomption, cités monuments historiques, sont construits selon ce modèle. La mairie de Saint-Eustache en présente tous les éléments caractéristiques. L'édifice témoigne également de l'influence du style Second Empire sur l'architecture conventuelle québécoise. Ce style apparaît sous le règne de Napoléon III, en France. Il devient rapidement populaire aux États-Unis et au Canada. Au Québec, ce style se traduit essentiellement par l'utilisation d'un toit mansardé et d'une ornementation classique. Il est répandu dans l'architecture conventuelle québécoise de la fin du XIXe siècle. Sa monumentalité tout comme les valeurs de stabilité et de dignité qu'il dégage correspondent à l'image associée aux couvents. La mairie de Saint-Eustache se rattache à ce style architectural, entre autres, par son toit mansardé, la symétrie de la composition de sa façade ainsi que par certains éléments d'ornementation tels que les chaînes d'angle et les frontons des lucarnes.
Source : Ville de Saint-Eustache, 2008.
Character-Defining Elements
Les éléments caractéristiques de la mairie de Saint-Eustache liés à son intérêt historique comprennent, notamment :
- son implantation sur une pointe de terre à la confluence de la rivière des Mille Îles et de la rivière du Chêne;
- sa situation au coeur du noyau institutionnel de Saint-Eustache, à proximité de l'église (classée monument historique) et du presbytère.
Les éléments caractéristiques de la mairie de Saint-Eustache liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- ses caractéristiques associées au type de couvent, dont le plan rectangulaire, l'élévation de trois étages, le soubassement surhaussé, la sobriété;
- le clocheton, dont sa base entourée d'une balustrade en bois, sa chambre des cloches ouverte, son toit polygonal coiffé d'un épi;
- ses caractéristiques associées au style Second Empire, dont le toit mansardé, les lucarnes à fronton, la corniche à modillons, l'ordonnance symétrique des ouvertures, les chaînes d'angle;
- les matériaux, dont la maçonnerie en pierre à bossage de la façade, la pierre de taille des détails architecturaux (ouvertures, bandeaux et chaînes d'angle), la maçonnerie en moellon de la façade arrière, la couverture en tôle, le bois des éléments architecturaux (corniche, frontons, balustrade, clocheton, ouvertures);
- les ouvertures, dont la porte principale à double vantail surmontée d'une imposte vitrée, les fenêtres à battants à grands carreaux, les lucarnes à fronton, la grande lucarne centrale de la façade principale;
- l'escalier central menant à la porte principale;
- le porche en bois adossé à la façade principale, dont le fronton reposant sur des colonnes en bois, l'inscription « CND » dans le fronton;
- le second volume adossé à la façade latérale droite, dont l'élévation à deux étages, le toit plat, la corniche à modillons et la balustrade.