Description of Historic Place
Le site de pêche Déry, classé site historique, est un terrain d'environ 245 000 mètres carrés comprenant un ensemble dont l'aménagement remonte aux XVIIIe et XIXe siècles. Le site comprend l'ancienne maison du péager, un pont, un tronçon d'un ancien chemin, des gorges et une portion de la rivière Jacques-Cartier avec quatre fosses à saumon. L'ancienne habitation du péager, appelée maison Déry, est érigée en 1804 et agrandie vers 1864. Il s'agit d'un bâtiment en bois de plan rectangulaire à un étage et demi. Le toit à deux versants, percé d'une imposante lucarne centrale d'inspiration néoclassique, est prolongé en façade par un larmier retroussé protégeant une galerie. La maison est implantée en bordure de la voie publique et adjacente au pont, qui permet de franchir la rivière Jacques-Cartier. Construit en béton en 1939, celui-ci remplace les ponts qui se sont succédé à cet endroit depuis 1798. Le site de pêche Déry est traversé par la rivière Jacques-Cartier et par un tronçon de l'ancien chemin du Roy. Il est situé dans un environnement boisé mixte, incluant une pinède, dans la ville de Pont-Rouge. Un site archéologique inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du site repose sur son intérêt historique. Dès la fin du XVIIIe siècle, ce lieu est un point important du réseau des communications terrestres entre Québec et Montréal. En 1791, Hugh Finlay (vers 1730-1801), alors maître général des Postes, recommande au gouvernement la construction d'un pont sur la rivière Jacques-Cartier, qui forme un obstacle considérable sur le chemin du Roy. Celui-ci est alors dévié à l'intérieur des terres entre Cap-Santé et Donnacona. Un pont en pierre est érigé à la hauteur du site de pêche Déry, mais il s'écroule en 1798. En 1800, une loi est sanctionnée pour l'édification d'un nouveau pont à cet endroit. Les travaux sont confiés à un entrepreneur privé en échange de la perception des droits de péage pendant une période de trente ans. En 1804, le maître charpentier Jean-Baptiste Bédard (1761-1818) réalise le nouveau pont et la maison destinée au péager. Le pont, qui intègre les piliers en pierre de la structure précédente, est l'un des premiers ponts à péage au Québec. Les gardiens sont d'abord François Pommereau et son épouse, Françoise Fourré dite Vadeboncoeur. À partir de 1816, quatre générations de Déry leur succèdent, et le pont devient le pont Déry. Dès la construction de la maison, l'endroit sert de relais de poste, lieu qui permet aux diligences de changer d'attelage et où s'effectuent le chargement et le déchargement du courrier. Par ailleurs, le site est réputé pour ses fosses à saumon et attire de nombreux amateurs de pêche sportive. Au cours du XIXe siècle, la maison du péager sert d'auberge pour ces pêcheurs, qui sont surtout des militaires. L'influence de ces derniers fait qu'en 1818 le site est vendu au gouvernement et constitué réserve militaire. Dans la seconde moitié du siècle, les droits de pêche appartiennent au maître brasseur de Québec Joseph Knight Boswell (1812-1890), puis au Jacques Cartier River Fishing Club, un des premiers clubs de pêche privés, composé majoritairement de riches anglophones montréalais. Ainsi, le site de pêche Déry a cumulé au XIXe siècle les fonctions de poste de péage, de relais de poste et de pourvoirie.
La valeur patrimoniale du site repose aussi sur l'intérêt de son paysage. Ce site naturel exceptionnel du point de vue géologique est caractérisé par une rivière encaissée avec une plateforme rocheuse, des gorges, des chutes, des rapides et des fosses à saumon créées par l'action de l'eau, qui favorisent le repos des saumons qui remontent vers leur lieu de fraie. Il présente une végétation abondante de conifères et de feuillus et comprend notamment une pinède. La beauté du site et ses paysages pittoresques ont inspiré de nombreux artistes dès la fin du XVIIIe siècle. Mentionnons l'officier Frederic Hildebrand Tolfrey (né vers 1793), qui laisse une description colorée des activités qui s'y déroulent au début du XIXe siècle, les aquarellistes britanniques Thomas Davies (1737-1812), George Heriot (1759-1839) et James Pattison Cockburn (1779-1847) ainsi que le peintre de renom Cornelius Krieghoff (1815-1872).
La valeur patrimoniale du site repose également sur l'intérêt architectural de la maison. Érigée en 1804 et agrandie vers 1864, cette demeure est représentative de la maison rurale du début du XIXe siècle. Elle en est une illustration notamment par son plan rectangulaire, son solage peu dégagé à l'avant, sa structure en pièce sur pièce, son parement composé de planches à clins et verticales, son toit à deux versants dont le larmier se prolonge en façade principale afin de protéger la galerie et la distribution asymétrique de ses ouvertures. L'imposante lucarne centrale rend compte de l'influence néoclassique. La maison Déry compte parmi les plus anciennes résidences de Pont-Rouge.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2007.
Character-Defining Elements
Les éléments caractéristiques du site de pêche Déry liés à son intérêt historique comprennent, notamment :
- la présence de la rivière Jacques-Cartier, profondément encaissée dans la formation de pierre calcaire, la plateforme rocheuse, les gorges, les chutes, les rapides et les fosses à saumon;
- le tronçon de l'ancien chemin du Roy et le pont;
- l'environnement boisé mixte incluant une pinède;
- la relation entre la maison Déry et son cadre naturel;
- le panneau des péages du pont accroché au mur de la maison;
- la présence d'un site archéologique inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec;
Les éléments caractéristiques de la maison Déry liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son implantation sur un terrain en pente, en bordure de la route et adjacent au pont;
- son volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, le solage peu dégagé à l'avant ainsi que le toit à deux versants prolongé par un larmier en façade principale;
- ses matériaux, dont la structure en pièce sur pièce à coulisses, la maçonnerie de pierre des fondations, le parement de planches à clins et de planches verticales ainsi que la couverture en bardeaux de cèdre;
- ses ouvertures disposées de façon asymétrique, dont les portes en bois à panneaux et les fenêtres rectangulaires, avec leurs chambranles et leurs contrevents en bois;
- ses éléments décoratifs d'influence néoclassique, dont la lucarne palladienne centrale à pignon (pilastres, moulures, demi-oculus et volets fixes);
- la galerie protégée, avec ses poteaux simples;
- la cheminée en pierre.