Home / Accueil

Le Titanic : 100 ans après l’événement qui a bouleversé le monde

Cent ans après sa disparition dans les eaux glacées de l'Atlantique Nord, le TitanicPostcard, LAC R13349-260-0 / Carte de poste, BAC R13349-260-0 demeure un sujet d'intérêt répandu partout sur la planète, en particulier pour les Canadiens, en raison des nombreux liens fascinants qui relient notre pays au destin du célèbre paquebot.

Le Titanic était une merveille de son époque et a immédiatement capté l'imaginaire du public. Bien qu'il n'ait été à flot que pendant une brève période, il a laissé des marques indélébiles dans l'histoire. Construit au chantier naval Harland and Wolff de Belfast, en Irlande (Royaume-Uni), le RMS (Royal Mail Ship) Titanic était un navire de la White Star Line appartenant à la classe Olympic. Il devait se joindre à son navire-frère le RMS Olympic sur la ligne transatlantique afin de concurrencer le RMS Lusitania et le RMS Mauretania de la Cunard Line, ainsi qu'un navire plus petit de la Canadian Pacific Line, le S.S. Empress of Ireland.

Le 10 avril 1912, le Titanic amorce son voyage inaugural depuis Southampton, en Angleterre, jusqu'à New York. Après avoir fait halte dans deux ports pour embarquer d'autres passagers, le Titanic met le cap sur l'Atlantique avec 2 200 personnes à son bord. Pendant sa progression vers l'océan, les passagers et les membres de l'équipage s'engagent dans une confortable routine de vie en mer.

Jeune navire-frère du Olympic (1911) et prédécesseur du Britannic (1914), le Titanic est le deuxième de trois grands navires construits pour assurer le transport de passagers sur la ligne de l'Atlantique Nord. Il faut trois ans pour le construire le Titanic, qui est réputé « insubmersible ». Cette rumeur vient peut‑être de ses nombreuses caractéristiques de sécurité, ainsi que de sa taille et du luxe qu'on trouve à bord, éléments vantés par la White Star Line, fière propriétaire du navire. L'hébergement des passagers se traduit par de luxueuses suites de première classe dans les styles géorgien et Louis XVI, mais également par des installations plus fonctionnelles pour les émigrants voyageant dans l'entrepont. Le capitaine Edward J. Smith commande le Titanic et son imposant équipage de 860 membres, qui comprend officiers, matelots de 2e classe, quartiers-maîtres, chauffeurs, soutiers, stewards, personnel de restaurant, commis des postes, cuisiniers, ingénieurs et coiffeurs, entre autres. En tant que navire de courrier royal, le paquebot a même son propre bureau de poste, et la compagnie se targue d'avoir aménagé à bord son propre système téléphonique, des restaurants, des salles de réception, des bibliothèques, une piscine et des salons de coiffure! C'est une véritable ville flottante.

Marconi Wireless Station, Collection of Port Morien Station c1912 / Station de radiotélégraphie Marconi, Collection de la station de Port Morien, c1912Bien que la présence d'icebergs dans la région soit connue, le Titanic progresse à plus de vingt nœuds à l'approche des côtes de Terre‑Neuve, en cette nuit claire et calme du 14 avril. À 23 h 40, les vigies aperçoivent un iceberg et, malgré une manœuvre d'évitement, l'énorme bloc de glace flottant heurte le Titanic à tribord (droite), et vient érafler puis rompre la coque sur près de cent mètres. Malgré l'étanchéité des portes, le volume d'eau dépasse en vingt minutes la capacité de pompage du navire. Les cloisons étanches ne sont pas suffisamment hautes et, à mesure que chaque compartiment se remplit, l'eau déborde dans le compartiment suivant. Le sort du navire en est jeté. Les stewards conduisent les passagers sur les ponts et, à minuit vingt, les canots de sauvetage commencent à descendre le long des flancs du paquebot. Certains refusent de quitter le navire, et d'autres attendent encore de l'aide. Par conséquent, les premiers canots de sauvetage prennent le large partiellement vides. Des signaux de détresse sont envoyés sans relâche par des opérateurs de la station de radiotélégraphie Marconi Jack Phillips et Harold Bride, de 0 h 15 à 2 h 17, soit jusqu'à trois minutes avant que le Titanic sombre sous les vagues.

Le destin tragique des personnes qui ont péri dans ce naufrage est bien connu. Les survivants relatent que, tout au long de ce branle‑bas éprouvant, les musiciens ont continué de jouer pour calmer les passagers, notamment des ragtimes et l'hymne « Nearer my God, to thee » (Plus près de toi, mon Dieu), tandis que le Titanic sombrait. Bon nombre d'employés à bord périssent, notamment Thomas Andrews, le concepteur du navire, dont la bravoure et l'attitude exemplaire ne feront pas défaut pendant tout le déroulement des événements. Le capitaine Smith est également englouti avec son navire, tandis que J. Bruce Ismay, l'un des directeurs de la White Star Line, trouve place à bord d'un canot de sauvetage; il sera plus tard sévèrement critiqué pour cet acte et pour le nombre insuffisant de canots de sauvetage. Sous les ponts, les 35 ingénieurs du navire, dirigés par Joseph Bell, demeurent tous héroïquement à leur poste dans la chambre des pompes, la salle des dynamos et la chaufferie, continuant au péril de leur vie de faire fonctionner les pompes et les lumières électriques, et ce, beaucoup plus longtemps que prévu - jusqu'à seulement quelques minutes avant l'immersion définitive du navire.George Wright House, Government of Nova Scotia / Maison George Wright, gouvernement de la Nouvelle-Écosse

Parmi les nombreux passagers célèbres qui ont perdu la vie cette nuit‑là se trouvait Charles Melville Hays, président de la Grand Trunk Railway, qui ramenait des meubles de salle à manger pour son nouvel hôtel Château Laurier, à Ottawa. Le riche homme d'affaires d'Halifax George Wright était aussi du voyage. Wright, qui s'est rendu en Angleterre en 1912 et a acheté son passage de retour à bord du Titanic, est mort noyé dans le naufrage du luxueux paquebot. Pendant son séjour en Angleterre, il avait refait son testament, léguant 226 000 $ à des œuvres de bienfaisance et sa maison de l'avenue Young, à Halifax, au Conseil des femmes. La maison George Wright est un monument bien connu à Halifax et, du point de vue architectural, l'une des plus importantes résidences de cette époque en Nouvelle‑Écosse.

Le grand nombre de victimes dans ce naufrage est en grande partie attribuable au fait que, même s'il était conforme à la réglementation de l'époque, le navire ne transportait que 20 canots de sauvetage, d'une capacité totale de 1 178 personnes. Le nombre disproportionné de victimes masculines est dû au protocole appliqué par l'équipage selon lequel il faut sauver « les femmes et les enfants d'abord ». Les survivants du Titanic ont été secourus par le Carpathia de la Cunard Line, qui s'est rendu sur les lieux à pleine vitesse après avoir entendu les appels à l'aide du Titanic à 0 h 25; il est arrivé sur place vers 4 h. Des navires ont été envoyés d'Halifax, le port d'envergure le plus près du lieu de l'accident, ayant pour sinistre tâche de repêcher les victimes; ils sont rentrés au port avec 209 corps.

St Mary's Basilica, Glenn Euloth 2009 / Basilique Ste Mary's, Glenn Euloth 2009Le révérend Canon Kenneth Hinds, de la All Saints Cathedral, et l'entrepreneur local John Snow se rendent sur place à bord du S.S. MacKay-Bennett, l'un des navires ayant participé aux opérations de sauvetage. Parmi les nombreux corps récupérés figure celui de l'homme d'affaires John Jacob Astor, passager le plus riche à bord du Titanic, et le chef de l'orchestre du navire Wallace Hartley, retrouvé avec son porte‑musique. Une fois amenées à Halifax, les dépouilles des victimes sont transportées jusqu'au Mayflower Curling Rink (établi en 1905), lieu utilisé temporairement comme morgue; il est détruit cinq ans plus tard dans l'explosion d'Halifax.

Les services religieux ont lieu à la basilique St. Mary, à la Brunswick Street United Church, à l'église anglicane St. George (église ronde), à la All Saints Cathedral et à l'église St. Paul. Cinquante‑neuf victimes sont rendues à leurs familles. Cent cinquante autres sont enterrées dans trois cimetières d'Halifax, en mai et en juin 1912 : 19 au cimetière catholique Mount Olivet, 10 au cimetière juif Baron de Hirsch et 121 au cimetière Fairview Lawn. Bien que certaines victimes aient droit à des pierres tombales élaborées, la plupart sont inhumées avec de simples blocs de granit payés par la White Star Line en 1912. L'église St. Paul continue aujourd'hui de tenir des cérémonies spéciales, notamment des services à la mémoire des victimes du Titanic.

En 1985, l'emplacement de l'épave du Titanic a finalement été repéré par une expédition franco‑américaine dirigée par le chercheur Robert Ballard. En retournant visiter l'épave en 2004, Ballard a noté que beaucoup d'artéfacts avaient été retirés du navire depuis sa découverte initiale. Sans protection légale, l'épave risque d'encourir une détérioration naturelle et des dommages causés par les visiteurs et les opérations de récupération. Plusieurs pays négocient une entente visant à protéger les épaves sous‑marines. L'entente désignera le Titanic en tant que monument commémoratif maritime international, établira une réglementation pour la visite du site et fournira un système de documentation des artéfacts retirés de l'épave afin qu'ils puissent être présentés au public.  L'entente constitue une étape importante dans la protection de ce navire historique contre d'autres dommages et dans la reconnaissance du paquebot comme monument Titanic, NOAA IFR URIcommémoratif.

Ce terrible événement est reconnu comme l'un des pires désastres maritimes de l'histoire. L'enquête qui a suivi a mené au réexamen des procédures de sécurité maritime, qui n'avaient pas suivi le rythme de croissance rapide de la taille des navires. Il semble qu'une série d'éléments, dont des défauts de conception, des erreurs humaines et la malchance, se soient combinés pour produire une catastrophe qui continuera d'alimenter l'imagerie populaire au cours des cent prochaines années.

Liens :

« Titanic: the Unsinkable Ship », exposition au Maritime Museum of the Atlantic, à Halifax (en anglais seulement).

LIENS CONNEXES