Les jardins patrimoniaux de l'Ontario
Publié : avril 2011
Souvent oubliés dans l'ombre des grandes demeures, les jardins
sont des lieux importants qui renferment une valeur patrimoniale
incontestable et ne devraient pas passer inaperçus. Les jardins ont
une importance historique certaine, car ils offrent un excellent
point de vue sur notre passé du fait qu'ils témoignent de ce
qu'était la société à l'époque de leur aménagement.
Toutefois, comme beaucoup de bâtiments et de monuments
historiques, les jardins ont tendance à se détériorer et des
mesures doivent être prises pour les conserver afin de protéger le
passé que nous partageons tous. Pour assurer la conservation des
lieux patrimoniaux et protéger la valeur patrimoniale de beaucoup
de types d'endroits partout au pays, y compris les jardins, Parcs
Canada a publié les Normes et lignes directrices pour la conservation
des lieux patrimoniaux au Canada.
En Ontario, la Fiducie du patrimoine ontarien est le principal
organisme responsable de la protection des lieux patrimoniaux aux
niveaux provincial et municipal. En partenariat avec l'Université
de Toronto et les propriétaires de lieux patrimoniaux, la Fiducie a
récemment mis sur pied le Programme de conservation des jardins du
patrimoine pour entreprendre un travail de restauration et de
préservation des jardins patrimoniaux conformément aux Normes et
lignes directrices et pour promouvoir l'importance de conserver ces
paysages culturels de grande valeur.
L'une des catégories du Programme de conservation des jardins du
patrimoine est la restauration de jardins historiques aménagés.
Récemment, la Fiducie a restauré le jardin Olmsted au lieu
historique national du Canada de la Place-Fulford, situé au 287, rue King Est, à
Brockville. Créé en 1899-1901 par la Olmsted Brothers, une
importante firme américaine d'aménagement paysager reconnue pour sa
conception de Central Park, à New York, ce jardin se voulait un
complément au riche domaine de l'homme d'affaires et entrepreneur
Albert W. Fulford. Après des années de négligence, les jardins se
sont grandement détériorés et la Fiducie a reconnu leur importance
culturelle et la nécessité de les restaurer. Étant donné que seuls
les contours des plates bandes géométriques étaient encore
visibles, il a fallu faire énormément de recherches dans les
archives pour trouver des images et des documents permettant de
déterminer les mesures adéquates de restauration à entreprendre au
jardin Olmsted. Les travaux ont été achevés en 2004 et une grande
partie de l'importance patrimoniale du domaine a été rétablie.
La maison Jesse Ashbridge, située au 1444, rue
Queen, à Toronto, est un autre exemple de restauration de jardin
historique accomplie par la Fiducie. Il s'agit cette fois-ci de la
catégorie des jardins historiques « vernaculaires », ce mot
désignant une architecture qui a évolué avec le temps pour mieux
répondre aux besoins de la société de chaque époque. Auparavant, la
famille Ashbridge entretenait soigneusement ses pelouses et avait
fait aménager de vastes jardins de fleurs et de grands potagers;
aujourd'hui, le site est formé d'immenses massifs de fleurs. La
Fiducie aimerait restaurer cette propriété de manière à lui rendre
sa splendeur d'origine en fouillant dans des documents d'archive,
tels que des carnets, des lettres et des photographies,
susceptibles de montrer à quoi ressemblait le jardin au début du
XIXe siècle.
Contrairement à la croyance populaire, ce ne sont pas tous les
jardins qui ont des pelouses bien entretenues et des plates-bandes
parfaites. Le lieu historique national du Canada Chiefswood, situé dans la réserve des Six
Nations, en Ontario, est le lieu de résidence de Pauline Johnson,
célèbre poète d'origine canadienne, et demeure un lien entre les
cultures anglaise et autochtone. Des restaurations antérieures
avaient nui à la valeur historique du lieu, car elles mettaient
l'accent sur le caractère anglais de la maison. Durant ces
rénovations, on avait planté des graminées (pâturin des prés) et
aménagé des pelouses, ce qui donnait au jardin un style typiquement
anglais. Pour remettre le jardin dans son état d'origine, il a
fallu brûler la pelouse trois étés de suite pour permettre à
l'ancienne végétation de repousser à l'état sauvage. Le jardin, qui
a heureusement retrouvé son caractère autochtone, est maintenant
représentatif de l'histoire.
Le temps peut faire beaucoup de dommages à l'apparence d'un
jardin. Chaque année, nous dépensons des milliers de dollars pour
protéger les lieux patrimoniaux, et il est temps que nous
reconnaissions que les jardins forment une part importante de la
valeur patrimoniale de bon nombre de propriétés et de domaines au
Canada.
Vous aimeriez en savoir plus sur la préservation et la
conservation des jardins? Visitez le site Web de la Fiducie du patrimoine ontarien. Vous pouvez
également consulter les Normes et lignes directrices pour la conservation
des lieux patrimoniaux au Canada. Visitez aussi la vitrine
« Garden
Voices of Ontario's Historic Gardens » qui met en vedette
encore plus de jardins historiques de l'Ontario (lien en
anglais seulement).