Description of Historic Place
L'aile du noviciat du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec, classée monument historique, a été construite en partie de 1695 à 1698 et en partie de 1739 à 1740. Ce bâtiment est utilisé pour former les nouvelles recrues à la vie monastique, pour les services collectifs ainsi que pour le logement des religieuses. Inspiré de l'architecture française classique, l'édifice en pierre crépie présente un plan rectangulaire. Reposant sur une cave voûtée, les trois étages de maçonnerie sont coiffés d'un toit aigu à deux versants droits, réalisé en 1756 et 1757 à la suite d'un incendie survenu en 1755.
L'aile du noviciat fait partie du site historique du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec. Elle forme un angle presque droit avec l'aile du jardin, également classée monument historique, qui présente une architecture semblable. Une passerelle la relie à l'Hôtel-Dieu. L'ensemble conventuel est compris dans l'arrondissement historique du Vieux-Québec, qui se situe dans l'arrondissement municipal de La Cité de la ville de Québec.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de l'aile du noviciat du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec repose sur son intérêt ethnohistorique. L'édifice constitue un témoin du mode de vie cloîtré des Augustines. Comme son nom l'indique, cette aile abritait le noviciat, où les nouvelles recrues étaient initiées à la vie monastique conformément à la règle de saint Augustin (354-430) et aux Constitutions (1666) des Augustines. Les autres pièces de l'aile ont servi entre autres aux services collectifs (laiterie, cuisine, réfectoire et latrines) et au logement des religieuses (dortoirs et cellules). Par ses différentes fonctions, l'aile illustre donc avec éloquence les usages et le mode de vie des religieuses cloîtrées depuis l'époque de la Nouvelle-France.
La valeur patrimoniale de l'aile du noviciat repose aussi sur son intérêt historique comme témoin de l'importance des Augustines, l'une des communautés religieuses fondatrices de la Nouvelle-France. À leur arrivée de Dieppe en 1639, ces religieuses avaient pour mission de pourvoir la colonie naissante en soins hospitaliers. Elles se sont implantées définitivement à la haute-ville de Québec en 1644, où elles ont créé l'Hôtel-Dieu, premier hôpital établi en Amérique du Nord, qu'elles ont administré jusqu'en 1962. Le Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ) le gère maintenant. L'Hôtel-Dieu de Québec est le premier et le plus important des douze établissements de soins de santé qu'elles ont fondés au Québec. L'aile du noviciat est construite de 1695 à 1698 pour sa moitié est et de 1739 à 1740 pour sa moitié ouest; elle a été réparée après l'incendie du 7 juin 1755, qui a détruit l'ensemble conventuel. Cette aile évoque les bouleversements liés à la Conquête (1759), puisque les religieuses logées dans l'aile du jardin y emménagent durant l'occupation d'une partie de cette dernière par les militaires britanniques (1759-1784). L'aile du noviciat, comme l'ensemble du monastère, reflète ainsi la présence ininterrompue des Augustines en ce lieu depuis 1644 et le rôle essentiel qu'elles ont joué auprès de la population pendant plus de 300 ans.
La valeur patrimoniale de l'aile du noviciat repose également sur son intérêt architectural. Exemple exceptionnel de la tradition française classique au Québec, elle forme avec l'aile du jardin un ensemble d'une grande unité, qui borde l'une des rares cours intérieures appartenant à un ensemble conventuel. D'un caractère monumental et de proportions équilibrées, elle illustre le savoir-faire architectural des maîtres artisans de la Nouvelle-France, notamment par le plan rectangulaire, la maçonnerie de moellons, le crépi qui uniformise les surfaces comme le veut l'idéal classique, le toit aigu, le rythme régulier des ouvertures à arc segmentaire, ainsi que les imposantes voûtes intérieures. De plus, l'aile est érigée selon les recommandations des Constitutions (1666) des Augustines. Elle présente une architecture sobre conforme aux règles monastiques, comme le traduisent l'ornementation discrète et le cloître côté cour, unique par son emplacement au premier étage. La grande harmonie et l'intégrité de son architecture intérieure datant de 1756 et 1757 témoignent du souci de continuité et de conservation des Augustines. Issue de l'un des plus ambitieux projets architecturaux en Nouvelle-France, cette aile forme avec celle du jardin le seul ensemble monastique constitué de trois étages en pierre érigé à cette époque. L'aile du noviciat figure aujourd'hui parmi les rares bâtiments institutionnels du XVIIe siècle et de la première moitié du XVIIIe siècle qui subsistent en Amérique du Nord.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2006.
Character-Defining Elements
Les caractéristiques de l'aile du noviciat du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec liées à son intérêt ethnohistorique comprennent, notamment :
- les divisions intérieures du rez-de-chaussée, dont le couloir côté cour, l'ancienne cuisine et l'ancien réfectoire;
- les divisions intérieures du premier étage, dont le cloître côté cour formé par un couloir percé de fenêtres à arc segmentaire, les pièces autrefois utilisées comme noviciat et l'ancien dortoir Saint-Joseph;
- les divisions intérieures du deuxième étage, dont les petites pièces distribuées en enfilade de part et d'autre d'un couloir central.
Les caractéristiques de l'aile du noviciat liées à son intérêt historique comprennent, notamment :
- sa situation dans le site historique du Monastère-des-Augustines-de-l'Hôtel-Dieu-de-Québec, compris dans l'arrondissement historique du Vieux-Québec;
- sa relation avec les autres éléments de l'ensemble, comme l'aile du jardin.
Les caractéristiques de l'aile du noviciat liées à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan rectangulaire, les trois étages reposant sur une cave voûtée, le toit à deux versants droits (couvert de tôle à baguettes) doté d'une haute charpente à la française divisée en deux niveaux de combles;
- sa maçonnerie en moellons crépie à l'intérieur et à l'extérieur, incluant les voûtes à arc segmentaire, les murs de refend délimitant les couloirs des trois étages, les coupe-feu ainsi que l'escalier en pierre à même la muraille du couloir voûté du sous-sol;
- ses ornements en pierre de taille, dont les corbeaux, les bandeaux, les chaînes d'angle et les chambranles;
- ses ouvertures disposées régulièrement, dont celles donnant sur la cave voûtée côté nord, les fenêtres rectangulaires ou à arc segmentaire à battants (à petits ou à grands carreaux), les deux croisées du premier étage, les chambranles moulurés, les lucarnes à pignon éclairant les deux niveaux des combles ainsi que les volets et les larges embrasures (parmi lesquelles celles de l'ancienne cuisine aux arêtes arrondies) à l'intérieur;
- ses éléments intérieurs en bois, dont les plafonds à solives, les plafonds en planches, les escaliers, les oratoires, le retable de l'ancien noviciat, les nombreuses armoires murales des couloirs (parmi lesquelles les anciennes armoires garde-manger), les armoires murales plus élaborées des pièces (parmi lesquelles celle de l'ancien réfectoire et celle de l'ancien dortoir Saint-Joseph) ainsi que les portes (parmi lesquelles celles à deux caissons superposés des cellules, les portes à trois niveaux de caissons du rez-de-chaussée et du premier étage, de même que celles à deux vantaux des pièces importantes);
- la serrurerie et la quincaillerie d'architecture (comprenant des motifs en volute, en fer-de-lance, en queue-de-poisson, de feuillage et en coeur), les esses, les grilles et les portes en fer.