Description of Historic Place
La basilique de Saint-Patrick, classée monument historique, est un lieu de culte de tradition catholique de style néogothique érigé de 1843 à 1847. De plan rectangulaire, l'édifice en pierre grise présente un choeur en saillie terminé par une abside polygonale. Il est coiffé d'un toit à versants droits couvert en cuivre et un clocher surmonte le faîte en façade. Sa façade principale est percée de trois portes flanquées de contreforts couronnés de pinacles. La travée centrale, qui forme une avancée créant l'impression d'une tour, est ornée d'une rosace. L'église est située sur un grand terrain paysager et clôturé dans l'ancien quartier Saint-Georges, au coeur de l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal. Elle partage l'espace avec un presbytère et une salle paroissiale bâtis au nord-est ainsi qu'avec les fondations de l'ancien refuge Saint-Bridget sises en contrebas au sud-ouest.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de la basilique de Saint-Patrick repose sur son intérêt architectural. Bâtie de 1843 à 1847, cette église constitue l'une des premières grandes manifestations du style néogothique au Québec. À Montréal, elle est la seconde église de ce style, la première étant la basilique Notre-Dame, érigée à partir de 1824 par James O'Donnell (1774-1830). Le style néogothique prône un retour aux formes du Moyen Âge, tout particulièrement à celles des XIIIe et XIVe siècles, et se définit entre autres par la recherche de verticalité, la symétrie et la lisibilité du plan. Les concepteurs de la basilique, l'arpenteur-géomètre Pierre-Louis Morin (1811-1886) secondé par le père jésuite Félix Martin (1804-1886), tous deux d'origine française, appliquent à l'édifice l'ensemble de ces principes formels. Ainsi, l'église de plan rectangulaire est terminée par une abside polygonale et les élévations symétriques, rythmées par de minces contreforts, sont percées d'ouvertures en arc brisé. La façade principale est percée de trois portes flanquées de contreforts couronnés de pinacles. La travée centrale forme une avancée créant l'impression d'une tour, élément qui sera repris durant toute la seconde moitié du XIXe siècle. L'ornementation extérieure touche essentiellement la façade principale : le portail central est mis en évidence par un gâble et surmonté d'une rosace, tandis que le pignon est agrémenté de pinacles et de crosses. L'ordonnance de la façade révèle l'organisation de la nef divisée en trois vaisseaux par des colonnes élancées qui se prolongent jusqu'à la naissance des ogives. La basilique de Saint-Patrick est considérée comme l'oeuvre la plus achevée et la plus originale de Morin et de Martin. Elle a inspiré de nombreux architectes, et notamment Victor Bourgeau (1809-1888) pour les églises de Saint-Pierre-Apôtre (1851) et de Saint-Joseph (1861). Cette église constitue un exemple remarquable de l'épanouissement du style néogothique au Québec et au Canada.
La valeur patrimoniale de la basilique de Saint-Patrick repose également sur son intérêt artistique. Son décor, dont la réalisation s'est échelonnée sur une période allant de 1848 aux années 1920, est considéré comme l'un des plus remarquables intérieurs du XIXe siècle conservés au Canada. Il se distingue par sa richesse et son élégance, mais aussi par l'homogénéité de son style d'inspiration gothique avec ses pinacles, ses arcs brisés et ses crosses. L'église a conservé ses autels accompagnés d'imposants retables, ses confessionnaux, sa chaire et ses nombreux vitraux. Le mobilier, de grande qualité, témoigne du savoir-faire et des techniques des artisans et des artistes qui y ont travaillé. Le lustre du choeur est une pièce admirable qui serait unique en Amérique du Nord. Conçu en 1896 par Alex S. Locke dans le style Tiffany, il pèse plus de 800 kilogrammes et chacun de ses anges mesure plus de deux mètres. L'ensemble est remarquablement bien conservé.
La valeur patrimoniale de la basilique de Saint-Patrick repose aussi sur son intérêt historique. Première église catholique desservant la population d'expression anglaise de Montréal, la basilique de Saint-Patrick est l'église mère de 35 autres églises montréalaises. Sa construction est étroitement liée à l'immigration irlandaise, particulièrement importante dans la première moitié du XIXe siècle. Elle est rendue nécessaire par la croissance rapide de cette communauté évaluée à environ 6500 personnes en 1840. L'église et les institutions qui l'entourent, notamment l'orphelinat fondé à la suite de l'épidémie de typhus en 1847, contribuaient au soutien spirituel et matériel des paroissiens. La basilique de Saint-Patrick figure, par ailleurs, parmi les cinq églises les plus anciennes qui subsistent à Montréal.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2005.
Character-Defining Elements
Les éléments clés de la basilique de Saint-Patrick liés à son intérêt architectural incluent, entre autres :
- ses caractéristiques rattachées au style néogothique, dont la nef rectangulaire divisée en trois vaisseaux, le choeur en saillie terminé par une abside polygonale, la voûte à croisée d'ogives, les ouvertures en arc brisé, les pinacles, les contreforts, les voussures, les crosses, les colonnes à chapiteaux corinthiens, le gâble et la rosace;
- le toit coiffant sans distinction de niveau la nef et l'abside et la couverture en cuivre;
- la maçonnerie en pierre de taille grise de Montréal.
Les éléments clés de la basilique de Saint-Patrick liés à son intérêt artistique incluent, entre autres :
- les caractéristiques du décor intérieur inspirées du style néogothique, dont les confessionnaux (Julien Santerre), la chaire, la « litanie des saints » réalisée entre autres par Alex S. Locke et Guy Lombal, les bancs, ainsi que les ouvrages réalisés pendant la première campagne de décoration (à partir de 1861) sous la direction des entrepreneurs Perreault, Paré et Ouellet, dont le maître-autel, les autels latéraux et les stalles;
- les ouvrages réalisés pendant la seconde campagne de décoration (à partir de 1893) sous la direction de l'architecte William E. Doran et d'Alex S. Locke, dont les peintures des voûtes du sanctuaire ainsi que le lambris de bois recouvrant la partie inférieure des murs réalisé par M. R. Forsyth;
- les ouvrages réalisés pendant la troisième campagne de décoration (à partir de 1922) confiée aux artistes Guido Nincheri (1893-1973) et Victor Marion, dont la décoration des murs de la nef;
- les tableaux du chemin de croix datés de 1847 et réalisés par l'artiste italien A. Patriglia;
- les vitraux, réalisés par différents concepteurs, dont les Soeurs grises de Montréal, Alex S. Locke et des artisans d'Innsbruck (Autriche);
- le lustre du choeur (Alex S. Locke, 1896) dans le style Tiffany;
- l'orgue fabriqué par Samuel Russell Warren en 1852, reconstruit et électrifié par la Compagnie Casavant et frères en 1895 et combiné en 1972 à l'orgue de l'ancienne église Saint-Anthony par la compagnie Providence;
- les escaliers des tribunes arrière.
Les éléments clés de la basilique de Saint-Patrick liés à son intérêt historique incluent, entre autres :
- sa situation dans l'ancien quartier Saint-Georges de l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal;
- son implantation particulière en vue d'une perspective jamais réalisée dégageant sa façade sur le fleuve Saint-Laurent;
- l'orientation inusitée de son chevet vers l'une des principales artères de la ville;
- les éléments symboliques propres à la communauté irlandaise, dont la statue de saint Patrick située au-dessus du portail central et le motif récurrent du trèfle, taillé dans la pierre à l'extérieur et sculpté dans les boiseries ou peint au pochoir sur les murs à l'intérieur.