Description of Historic Place
Le séminaire de Québec, classé en 1968, est un ensemble institutionnel dont les éléments les plus anciens remontent au Régime français. La désignation concerne trois pavillons, soit l'aile de la Procure, l'aile (de la chapelle) de la Congrégation et l'aile des Parloirs (et des Salles), qui sont disposés en quadrilatère autour d'une cour intérieure et qui constituent la partie la plus ancienne de l'institution. De plan allongé, ces édifices en pierre de quatre à six étages sont coiffés de toits à deux versants droits. Un important site archéologique est associé à l'ensemble. Le séminaire de Québec est situé dans l'arrondissement historique de Québec, au coeur de son noyau institutionnel, à proximité de l'hôtel de ville et de la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du séminaire de Québec repose sur son intérêt historique et symbolique. L'institution se compose du grand et du petit séminaire. Fondé en 1663 par François de Laval (1623-1708), qui deviendra le premier évêque de la Nouvelle-France en 1674, le grand séminaire est, au moment de sa création, le foyer de l'Église canadienne naissante. Il est chargé de former le clergé diocésain, d'évangéliser les autochtones et d'administrer les paroisses de la nouvelle colonie. En 1668, François de Laval crée aussi le petit séminaire, qui a pour but de convertir les jeunes Amérindiens et d'instruire les garçons se destinant à la vie religieuse. À la suite de la Conquête britannique (1760), la vocation du petit séminaire s'élargit. Il devient le principal établissement d'éducation générale et poursuit l'enseignement du cours classique qui était dispensé auparavant par les Jésuites, cette communauté s'étant vu interdire tout recrutement à la Conquête. Le séminaire sert alors de modèle au vaste réseau des collèges classiques qui s'étend au Canada français. Il est aussi le lieu d'action de professeurs émérites, tels les abbés Jérôme Demers (1774-1853) et Jean Holmes (1799-1852), et de plusieurs sociétés savantes qui contribuent au rayonnement de la culture française. Le séminaire est enfin le lieu de fondation et l'emplacement originel de l'Université Laval (1852), première université de langue française en Amérique. Le séminaire de Québec est donc aujourd'hui considéré comme un symbole de l'Amérique française, en raison de son apport à la vie religieuse, intellectuelle et sociale et de sa contribution à la formation de l'élite canadienne-française et québécoise.
La valeur patrimoniale du séminaire de Québec repose également sur son intérêt architectural. L'ensemble, qui est le résultat de sept périodes de construction étalées entre 1675 et 1868, constitue l'un des plus anciens de la ville de Québec. Le plan est fortement inspiré par celui des collèges et couvents français du XVIIe siècle, comme en témoignent les longs pavillons peu profonds disposés autour d'une cour intérieure, à laquelle donne accès une porte cochère. Les bâtiments eux-mêmes sont représentatifs de l'architecture urbaine d'inspiration française par les murs en moellons, le crépi blanc, les fenêtres à battants à petits carreaux, les toits de forte pente et les cheminées massives intégrées dans les murs coupe-feu. Au fil des reconstructions, de nouveaux apports architecturaux et stylistiques sont intégrés. Parmi ceux-ci, se trouvent l'ornementation néoclassique des portes, les fenêtres palladiennes et le raccordement des toits des ailes de la Procure et des Parloirs de manière à masquer leur dénivellation. Ce raccordement, effectué par l'architecte Joseph-Ferdinand Peachy (1830-1903), utilise des lucarnes engagées afin de ne pas briser la ligne continue des avant-toits. L'intérieur remarquable comprend notamment deux chapelles, celle de la Congrégation (de la Sainte-Vierge), dessinée et ornée par l'architecte Thomas Baillairgé (1791-1859), et celle de Mgr Briand, construite par le menuisier Pierre Émond (1738-1808) et considérée comme un joyau de l'institution. Des premiers bâtiments du séminaire, les caves voûtées et la cuisine de Mgr de Laval subsistent encore de nos jours.
La valeur patrimoniale du séminaire de Québec repose par ailleurs sur son intérêt archéologique. Depuis 1970, les fouilles qui ont été réalisées sur le terrain, et plus particulièrement dans la cour intérieure, ont révélé une occupation amérindienne et euroquébécoise. Le site archéologique comprend notamment des sépultures, des traces du siège de Québec (1759) et les vestiges de la première ferme de la Nouvelle-France, celle de Louis Hébert (1575-1627) et de son gendre Guillaume Couillard de Lespinay (vers 1591-1663).
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Character-Defining Elements
Les éléments clés du séminaire de Québec liés à son intérêt historique comprennent, notamment :
- sa situation dans l'arrondissement historique de Québec, au coeur de son noyau institutionnel;
- la proximité des bâtiments plus récents du séminaire, de l'hôtel de ville et de la basilique-cathédrale de Notre-Dame-de-Québec.
Les éléments clés du séminaire de Québec liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- l'élévation de quatre à six étages des pavillons;
- ses caractéristiques inspirées des collèges et couvents français du XVIIe siècle, dont la disposition des pavillons en quadrilatère autour d'une cour intérieure, la porte cochère de l'aile de la Congrégation, le plan rectangulaire long et peu profond des bâtiments, le cadran solaire et le clocheton de l'aile de la Procure;
- ses caractéristiques rattachées à l'architecture urbaine d'inspiration française, dont la maçonnerie de moellons, le crépi blanc, les esses, les toits à deux versants droits couverts de tôle à la canadienne et les cheminées massives intégrées aux murs coupe-feu;
- ses apports architecturaux et stylistiques du XIXe siècle, dont les quelques fenêtres palladiennes formées d'une baie centrale au sommet cintré et de baies latérales rectangulaires, les lucarnes engagées de l'aile de la Procure et le portail à fronton de l'aile de la Congrégation;
- ses ouvertures disposées régulièrement, dont les fenêtres à battants à petits carreaux, les soupiraux, les portes à double vantail et à imposte cintrée donnant sur la cour intérieure, la porte arrière à double vantail et à imposte cintrée de l'aile de la Procure (ornée de pilastres ioniques, d'un entablement, d'un fronton interrompu et d'une statue), les chambranles en pierre de taille et les perrons;
- la porte cochère de l'aile de la Congrégation ornée d'un fronton brisé, d'un oculus, de pilastres et du monogramme SME (séminaire des Missions étrangères);
- le mur de l'aile de la Procure et son lambris de cèdre;
- ses caractéristiques intérieures, dont l'escalier Saint-Joseph datant de la fin du XVIIe siècle, le dallage, la chapelle de Mgr Briand (retable, lambris et boiseries sculptées), la chapelle de la Congrégation (tabernacle, retable et colonnes ioniques), les caves voûtées et l'ancienne cuisine de Mgr de Laval dans l'aile de la Procure.
Les éléments clés du séminaire de Québec liés à son intérêt archéologique comprennent, notamment :
- l'occupation amérindienne et euroquébécoise;
- les vestiges de la maison de Guillaume Couillard, les sépultures et les traces du siège de Québec (1759);
- le potentiel archéologique des portions non fouillées.