Description of Historic Place
L'académie d'Eaton Corner, classée en 1963, est un bâtiment institutionnel érigé en 1864. L'édifice de plan rectangulaire, à deux étages et demi, est coiffé d'un toit à deux versants droits et un clocheton surmonte le faîte en façade. L'académie se situe en bordure de la rue principale, dans le secteur Eaton Corner de la municipalité de Cookshire-Eaton, en face de l'église d'Eaton Corner aussi classée.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de l'académie d'Eaton Corner repose sur son importance pour l'histoire de l'enseignement au Québec. L'académie constitue un témoin privilégié du réseau scolaire anglophone établi dans les Cantons-de-l'Est au XIXe siècle. Au début de ce siècle, la population des Cantons-de-l'Est comprend beaucoup de Loyalistes. Venus de la Nouvelle-Angleterre, région très scolarisée à l'époque de la guerre d'Indépendance américaine (1776-1783), ils attachent une grande importance à l'éducation. Profitant de la législation scolaire du Bas-Canada, dont la Loi sur l'instruction royale pour l'avancement des sciences (1801) et la Loi des écoles de syndics (1829), la population anglophone des Cantons-de-l'Est instaure un réseau qui comporte des écoles primaires, des académies et même une université. Les académies comme celle d'Eaton Corner préparent les candidats au brevet, obligatoire pour enseigner dans les écoles publiques depuis 1852. Les Cantons-de-l'Est se distinguent par un taux de fréquentation scolaire plus élevé que le reste de l'actuel territoire du Québec au XIXe siècle. Le caractère non confessionnel de la loi scolaire de 1801 respecte la diversité religieuse de sa population anglophone et cette loi y est mieux accueillie que dans le reste du Bas-Canada. L'académie d'Eaton Corner évoque donc la grande place occupée par l'enseignement dans les communautés anglophones du sud du Québec au XIXe siècle.
La valeur patrimoniale de l'académie d'Eaton Corner repose aussi sur son intérêt architectural. Cette académie s'inspire de l'architecture vernaculaire de la Nouvelle-Angleterre, influencée par l'architecture néoclassique, dans sa variante néogrecque. Ce type architectural, qui est popularisé notamment par Minard Lefever (1798-1854), connaît une grande diffusion en Nouvelle-Angleterre dans les années 1830 et 1840. Inspiré des temples grecs, il n'en retient habituellement que les éléments essentiels. Cette influence se reconnaît dans l'aménagement de la façade dans un des murs pignons de l'académie, dans les retours de corniche formant une amorce de fronton et dans le portail et les planches cornières. Le canton de Compton, où se situe l'académie d'Eaton Corner, compte plusieurs résidences et édifices du XIXe siècle qui témoignent de cette influence.
La valeur patrimoniale de l'académie d'Eaton Corner repose également sur son intérêt communautaire. En effet, le bâtiment remplit plusieurs fonctions parallèlement à sa fonction éducative. Il loge d'abord une Cour des commissaires de 1870 à 1872. L'étage est ensuite aménagé pour abriter la salle du conseil municipal en 1872. À la suite de la fermeture de l'académie, l'édifice est acquis par la municipalité, en 1889. En plus de servir d'hôtel de ville pendant plus de cent ans, il accueille des rassemblements comme des danses et des spectacles. L'ancienne académie continue ainsi à jouer un rôle de premier plan au sein de la communauté.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Character-Defining Elements
Les caractéristiques de l'académie d'Eaton Corner liées à son intérêt historique comprennent, notamment :
- sa situation au coeur du secteur Eaton Corner de la municipalité de Cookshire-Eaton, face à l'église congrégationaliste (1841), classée en 1961;
- son implantation en bordure de la rue principale;
- le clocheton à base carrée surmontant le faîte en façade.
Les caractéristiques de l'académie d'Eaton Corner liées à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation de deux étages et demi et le soubassement s'adaptant à la déclivité du terrain;
- ses matériaux, dont la charpente de bois, le revêtement de planches à clins, le solage en pierre, la couverture en tôle et la cheminée en brique;
- ses éléments influencés par l'architecture néoclassique dans sa variante néogrecque, dont le toit à deux versants droits de pente moyenne, la façade principale dans un mur pignon, les retours de corniche formant une amorce de fronton, les planches cornières à chapiteau, l'ordonnance régulière des ouvertures, les fenêtres à guillotine à petits carreaux, la porte d'assemblage à double vantail ainsi que le portail comprenant des pilastres, un entablement et une corniche.