Description of Historic Place
Le calvaire d'Oka, classé site historique, est un chemin de croix formé d'édicules érigés entre 1740 et 1742. La désignation s'applique à sept chapelles de plan simple en moellons crépis, dont quatre bordent un sentier de montagne et trois occupent le sommet. Les chapelles sont situées au coeur du parc national d'Oka, dans la municipalité d'Oka. Un site archéologique leur est associé.
Les bas-reliefs polychromes en bois que contenaient les chapelles, classées oeuvre d'art, sont maintenant conservés dans la sacristie de l'église de L'Annonciation d'Oka.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du calvaire d'Oka repose sur son intérêt historique, en tant que témoin de l'évangélisation des Amérindiens aux XVIIe et XVIIIe siècles, et sur son unicité. Après la fondation de Québec en 1608, plusieurs communautés religieuses s'installent en Nouvelle-France pour répandre la parole de Dieu auprès des autochtones, et leur conversion soulève des problèmes d'ordre linguistique et culturel. Ces communautés emploient diverses techniques de persuasion, dont la constitution de missions en territoire amérindien, la traduction de textes religieux en langues autochtones et l'élaboration d'une imagerie biblique compréhensible par les Amérindiens et compatible avec leur culture. C'est en 1717 que la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes est concédée aux Sulpiciens, qui y déménagent leur mission du Sault-au-Récollet. Ils y regroupent des Amérindiens de quatre nations : Algonquins, Nipissings, Agnies et Hurons. En 1733, la mission compte environ 560 Amérindiens résidants. Le calvaire d'Oka est érigé entre 1740 et 1742, à l'initiative du sulpicien Hamon Le Guen (1687-1761). Il se compose de sept chapelles qui abritent des oeuvres d'art représentant des épisodes de la Passion. Contrairement à l'habitude qu'avaient les missionnaires de faire venir les autochtones dans leur chapelle, les Sulpiciens ont établi ce lieu de culte dans la montagne, un environnement familier aux Premières Nations afin de mieux les évangéliser. Ce chemin de croix constitue l'une des plus importantes manifestations de la vaste entreprise d'évangélisation des autochtones et il est le seul de ce type au Québec.
La valeur patrimoniale du calvaire d'Oka repose également sur sa représentativité en tant que témoin de la dévotion au chemin de croix dans l'Occident chrétien et sur son ancienneté. Au Moyen Âge, le pèlerinage en Palestine est très prisé des chrétiens, qui reçoivent des indulgences pour la visite des Lieux saints. Les franciscains obtiennent la garde des Lieux saints au XIIIe siècle et diffusent la dévotion au chemin de croix, qui se compose d'épisodes de la Passion du Christ et comprend habituellement entre sept et quatorze stations. Au XVe siècle, l'idée de recréer les lieux de la Passion dans un environnement naturel émerge, en raison du nombre restreint de fidèles pouvant accomplir le pèlerinage en Palestine. Le chemin de croix extérieur se compose d'édicules situés en montagne, qui sont autant de points d'arrêt pour la méditation. Le sentier renvoie au parcours du Christ et la montagne, au Golgotha. Cette dévotion connaît son apogée au XVIIIe siècle grâce au franciscain saint Léonard de Port-Maurice (1676-1751) qui, entre 1731 et 1751, aurait fait ériger plus de 500 chemins de croix en Europe. Contemporain de sa prédication, le calvaire d'Oka, avec ses sept chapelles disposées le long d'un sentier de montagne, est représentatif de cette tradition. Il est le plus ancien de ce type en Amérique et précède le célèbre chemin de croix d'Ouro Prêto (Brésil), commencé vers 1758.
La valeur patrimoniale du calvaire d'Oka repose aussi sur son intérêt ethnologique. Il évoque une pratique religieuse autrefois très populaire au Québec, le pèlerinage. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, un renouveau extraordinaire pour cette pratique se produit en France, à Notre-Dame-de-Lourdes par exemple, et l'engouement gagne aussi le Québec. À l'occasion de fêtes religieuses, d'importantes foules convergent vers les lieux de pèlerinage par bateau ou par train afin de manifester leur foi. Certains anciens lieux de pèlerinage sont alors remis en valeur, comme ceux de Sainte-Anne-de-Beaupré et de Cap-de-la-Madeleine. Le calvaire d'Oka devient l'un des plus réputés à la fin du XIXe siècle, alors que les Amérindiens le désertent à la suite de tensions survenues avec les Sulpiciens au sujet des droits de propriété.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2004.
Character-Defining Elements
Les éléments clés de l'implantation du calvaire d'Oka comprennent, notamment :
- la situation des chapelles en bordure d'un sentier de montagne, au coeur du parc national d'Oka, dans la municipalité d'Oka;
- l'association avec un site archéologique amérindien.
Les éléments clés des sept chapelles du calvaire d'Oka comprennent, notamment :
- la maçonnerie de pierre chaulée crépie à l'extérieur et chaulée à l'intérieur;
- les planchers de pierres plates;
- les toits couverts de bardeaux de cèdre;
- les petites croix surmontant le faîte du toit en façade.
Les éléments clés des quatre premières chapelles comprennent, notamment :
- le plan trapézoïdal;
- les toits en pavillon;
- la grande ouverture à deux vantaux en façade.
Les éléments clés de la chapelle centrale du sommet comprennent, notamment :
- le plan rectangulaire;
- le toit à deux versants légèrement recourbés;
- les ouvertures, dont la porte à double vantail surmontée d'un tympan cintré, les deux fenêtres cintrées des longs pans, les chambranles de pierre de taille.
Les éléments clés des deux chapelles latérales du sommet comprennent, notamment :
- le plan carré;
- les toits à deux versants légèrement recourbés;
- la porte à double vantail surmontée d'un tympan cintré et le chambranle de pierre de taille.