Description of Historic Place
La maison Charles-Sheppard (2), dont la façade est classée monument historique, est une habitation en rangée de style victorien autrefois unifamiliale construite entre 1890 et 1892. La façade à parement en pierre à bossage compte trois étages, incluant le soubassement dégagé et le toit en fausse mansarde couvert d'ardoise, et se divise en deux travées. La travée de droite présente un oriel à pans coupés et une lucarne flamande. La travée de gauche comprend l'entrée principale et une lucarne à fronton infléchi. La maison Charles-Sheppard (2) fait partie d'un groupe de quatre demeures aux façades de composition identique mais inversée par effet de miroir. Elle est la douzième d'un ensemble de seize résidences contiguës ou mitoyennes, réunissant une maison et quinze façades classées. Cet ensemble est situé du côté ouest de la rue Jeanne-Mance, entre l'avenue du Président-Kennedy et la rue Sherbrooke, dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal. L'édifice bénéficie d'une aire de protection.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de la maison Charles-Sheppard (2) repose sur son intérêt architectural. Cette maison, construite entre 1890 et 1892, est typique des résidences victoriennes en rangée érigées à Montréal pour les familles aisées. Ces demeures bourgeoises étaient un substitut aux villas et aux grandes résidences individuelles devenues trop chères en raison du coût élevé des terrains. Habituellement conçues par des architectes, elles possèdent une ornementation élaborée qui emprunte à plusieurs courants et qui est représentative de l'architecture de la fin du XIXe siècle. La façade de la maison Charles-Sheppard (2) illustre ce type par son parement en pierre à bossage, son élévation de trois étages incluant le soubassement dégagé et le toit en fausse mansarde couvert d'ardoise, sa division en deux travées et son vocabulaire décoratif. La travée de droite présente un oriel à pans coupés à deux étages couronné d'une corniche en bois, d'une grille en fer forgé et d'une lucarne flamande. La travée de gauche comprend l'entrée principale, placée au sommet d'un escalier droit qui mène au rez-de-chaussée surélevé, et une lucarne à fronton infléchi. Des éléments en pierre de taille lisse, tels les bandeaux, le parement de l'oriel au rez-de-chaussée et de la lucarne flamande ainsi que les chambranles, rehaussent la façade. L'ornementation est complétée par des éléments menuisés, dont la corniche du toit ainsi que le chambranle de la lucarne de gauche. Ces composantes contribuent aux jeux d'avancées et de reculs, de symétrie et de répétition qui rythment l'ensemble auquel appartient cette façade.
La valeur patrimoniale de la maison Charles-Sheppard (2) repose aussi sur son intérêt ethnohistorique. Le traitement différent des étages correspond à la fonction d'origine de chacun d'eux, ce qui est une caractéristique des demeures bourgeoises de l'époque. Le soubassement abritait des services comme la cuisine et était desservi par une porte secondaire. Le rez-de-chaussée (l'étage noble), auquel mène l'escalier principal, était occupé par la famille propriétaire, tandis que les combles logeaient fort probablement les domestiques. Cette hiérarchie témoigne de la recherche d'intimité et du mode de vie de la bourgeoisie, pour qui la maison est un symbole de réussite sociale.
La valeur patrimoniale de la maison Charles-Sheppard (2) repose également sur son intégration dans un ensemble remarquable. Cette maison fait partie d'un groupe de quatre demeures unifamiliales aux façades de composition identique, mais inversée par effet de miroir. Elle s'inscrit de plus dans une enfilade de seize résidences contiguës ou mitoyennes construites entre 1886 et 1892, du côté ouest de la rue Jeanne-Mance, sur un terrain au sud de la rue Sherbrooke présentant une forte dénivellation. Trois architectes bien établis à Montréal participent à cette réalisation, soit Alexander Cowper Hutchison (1838-1922), Alexander Francis Dunlop (1842-1923) et William McLea Walbank (1856-1909). Chacune des composantes importantes de l'ensemble, dont la façade de la maison Charles-Sheppard (2), est classée en 1975 ou 1977. La protection de façades était une première au Québec, sinon au Canada. Ce geste a assuré la sauvegarde du dernier groupe d'habitations de ce type dans ce secteur du centre-ville ainsi que d'un paysage urbain typique de Montréal et des grandes villes nord-américaines.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2008.
Character-Defining Elements
Les éléments caractéristiques de la maison Charles-Sheppard (2) comprennent, notamment :
- son appartenance à un groupe de quatre demeures unifamiliales aux façades de composition identique, mais inversée par effet de miroir;
- sa situation dans un ensemble de seize maisons contiguës ou mitoyennes réunissant une résidence et quinze façades classées;
- son implantation en retrait de la rue;
- la division de la façade en trois étages (soubassement dégagé et rez-de-chaussée surélevé à parement en pierre à bossage, fausse mansarde couverte d'ardoise) et en deux travées;
- les fenêtres rectangulaires à battants en bois;
- les composantes de la travée de droite, dont l'oriel à pans coupés au parement en pierre à bossage pour le soubassement et en pierre de taille lisse pour le rez-de-chaussée, la corniche à denticules en bois, la grille en fer forgé, la lucarne flamande au parement en pierre de taille lisse couronnée d'un amortissement ainsi que les fenêtres rectangulaires (certaines jumelées);
- les composantes de la travée de gauche, dont l'escalier droit menant à l'entrée, la porte vitrée à imposte, le chambranle à fronton en pierre de taille lisse, la corniche à modillons en bois, la lucarne au chambranle en bois à fronton infléchi et l'entrée du soubassement.