Description of Historic Place
La maison Brignon-Dit-Lapierre, citée monument historique, est une maison de ferme construite vers 1770. Son corps principal, de plan rectangulaire à un étage et demi, est coiffé d'un toit à deux versants droits d'où se dressent deux cheminées doubles. L'arrière est dégagé du sol en raison de la déclivité du terrain. Un corps secondaire d'un étage est implanté en retrait sur la façade latérale. La désignation inclut le terrain boisé d'arbres matures, intégré à un parc municipal. La maison Brignon-Dit-Lapierre fait face à la rivière des Prairies, dans l'arrondissement municipal de Montréal-Nord de la ville de Montréal.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de la maison Brignon-Dit-Lapierre repose sur son intérêt historique. Cette maison de ferme témoigne d'abord de l'ancienne fonction agricole du secteur. Le terrain est concédé en 1722 par les Sulpiciens, alors seigneurs de l'île. L'activité agraire prend fin à la suite de l'urbanisation du secteur dans les années 1910. Situé au pourtour de l'île et composé d'espaces gazonnés et boisés d'arbres matures, le site contribue à mettre en valeur la maison et à rappeler sa vocation agricole. La maison Brignon-Dit-Lapierre témoigne aussi de la longue occupation du site par plusieurs familles de cultivateurs, notamment les Brignon dit Lapierre. Ceux-ci s'y sont succédé durant trois générations, pendant un peu moins d'un siècle. Deux d'entre eux, Luc Brignon dit Lapierre et son fils Pierre, sont des acteurs notables de l'administration locale de la paroisse. Joseph Arthur Champoux, propriétaire de la demeure à compter de 1913, participe également au développement de la municipalité de Montréal-Nord.
La valeur patrimoniale de la maison Brignon-Dit-Lapierre repose sur son intérêt ethnologique. Elle évoque une pratique traditionnelle de transmission du patrimoine familial, soit la « donation entre vifs ». En échange des biens légués et pour s'assurer une retraite convenable, le donateur exige du donataire une série de conditions. Il s'agit notamment du versement d'une rente viagère, ainsi que du droit d'habiter la maison et d'utiliser les équipements domestiques et agricoles. La séparation de la maison Brignon-Dit-Lapierre en deux logements distincts est visible par la présence de deux portes d'entrée sur la façade. Elle témoigne de cette pratique autrefois courante en milieu rural.
La valeur patrimoniale de la maison Brignon-Dit-Lapierre repose également sur son intérêt architectural. La construction de cette résidence se situe vers 1770. Elle démontre l'adaptation progressive de savoir-faire et de modèles français aux conditions particulières du pays et de certaines influences stylistiques. Dans ce cas-ci, les caractéristiques de l'influence française s'incarnent notamment dans la maçonnerie en pierre du corps de logis, le plan rectangulaire et le toit à deux versants droits d'où se dressent deux imposantes cheminées doubles. Celles-ci sont communes à plusieurs maisons de la région de Montréal. Les modifications de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle illustrent l'adaptation des maisons de ferme aux nouveaux besoins de l'époque. Il s'agit notamment de l'ajout d'un parement de pierre de taille en façade, du prolongement du larmier afin de recouvrir une galerie et de l'addition de lucarnes continues afin de mieux éclairer les combles. La maison Brignon-Dit-Lapierre constitue donc un bel exemple de maisons rurales d'inspiration française adaptées au tournant du XXe siècle.
Source : Ville de Montréal, 2009.
Character-Defining Elements
Les éléments clés de la maison Brignon-Dit-Lapierre liés à son intérêt historique et paysager comprennent, notamment :
- la situation en bordure de la rivière des Prairies;
- l'implantation de la maison en retrait de la voie publique;
- le vaste terrain, dont les arbres matures.
Les éléments clés de la maison Brignon-Dit-Lapierre liés à son intérêt architectural et ethnologique comprennent, notamment :
- le volume du corps principal, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi, la fondation dégagée du côté de la rivière, le toit à deux versants droits aux larmiers légèrement saillants, les deux murs pignons munis de deux cheminées doubles;
- les matériaux, dont la maçonnerie en moellon grossièrement équarri, le parement en pierre de taille bouchardée de la façade, ainsi que les ouvertures et les chambranles en bois;
- les ouvertures, dont leur disposition symétrique en façade et à l'arrière, les deux entrées, ainsi que les soupiraux;
- le corps secondaire, dont l'élévation à un étage et demi, le toit à deux versants, la maçonnerie en moellon grossièrement équarri, ainsi que les chambranles en pierre.