Description of Historic Place
Le site archéologique du Poste-de-Nétagamiou, classé site historique et site archéologique, est de 1733 à la fin du XIXe siècle un important poste de chasse au phoque. Situé sur le littoral nord du golfe du Saint-Laurent, le site est aujourd'hui composé d'une plage de sable et de trois cayes, petits îlots rocailleux émergeant de l'eau à la marée basse. Surmontant la plage, une terrasse sablonneuse s'élève à une hauteur de trois mètres au-dessus du niveau marin. La portion dégagée est recouverte de hautes herbes et ponctuée de petites buttes et dépressions de forme ovale d'environ dix mètres de long, tandis que l'autre portion est constituée d'un boisé de conifères de petite taille. Situé près du village de Chevery, le lieu est borné à l'est et au sud par le golfe du Saint-Laurent, à l'ouest par la rivière Nétagamiou. Le site archéologique du Poste-de-Nétagamiou est situé dans la municipalité de la Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du site archéologique du Poste-de-Nétagamiou repose sur son intérêt historique. Ce poste de chasse au phoque relate une activité économique majeure en Basse-Côte-Nord depuis le Régime français. Son occupation débute en 1733 au moment où Jacques de Lafontaine de Belcour (1704-1765) se fait octroyer une concession lui donnant durant neuf ans le monopole de la chasse au phoque et de la traite avec les Amérindiens. Cette concession s'étend sur environ quarante kilomètres le long du littoral nord du golfe du Saint-Laurent. Il choisit un emplacement près de la rivière Nétagamiou pour y installer son poste de chasse au phoque du Groenland, animal exploité principalement pour sa peau, sa viande et son huile utilisée comme combustible pour l'éclairage. L'endroit présente des avantages stratégiques. La présence de cayes, petits îlots rocheux, sur le littoral permet d'étendre les filets pour pratiquer une capture en « parc ». À marée basse, les cayes présentent encore les trous d'ancrage forés pour maintenir les filets. Cette technique a pour objectif d'emprisonner les phoques dans une sorte d'enclos marin formé par les cayes, les filets tendus et la topographie du littoral. De plus, la situation géographique du site rend possible la prise du phoque en automne. Traditionnellement, cette espèce était pêchée par les Euroquébécois au printemps, alors que les troupeaux voyagent vers le nord. Mais la route migratoire s'éloigne souvent du littoral et peu d'endroits permettent une exploitation rentable. Lafontaine apprend, probablement au contact des Amérindiens, qu'il est aussi possible de les capturer à l'automne, lors de leur migration vers le sud. À cette époque de l'année, les phoques fréquentent des passes le long du littoral, notamment à Nétagamiou, qu'ils n'empruntent pas au printemps. Le poste devient rapidement prospère et environ un millier de bêtes sont prises chaque année et traitées sur place. Plusieurs bâtiments assurent son bon fonctionnement, dont les maisons du maître et des engagés, le magasin, le hangar et les installations pour fondre l'huile de phoque. Les activités de Lafontaine se terminent en 1754 lorsqu'il fait faillite et doit remettre ses possessions à ses créanciers. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, l'établissement remplira la même fonction, mais avec un moindre rendement.
La valeur patrimoniale du site repose également sur son intérêt archéologique. Les fouilles ont permis de documenter l'aménagement du poste de chasse depuis le Régime français, de même que les activités économiques et domestiques s'y étant déroulées. L'occupation de Lafontaine est appuyée par la découverte de deux bâtiments. L'un est constitué d'éléments en pierre dont un mur, un âtre et un dallage. Ces pierres ne sont pas maintenues par un mortier de chaux, mais par un simple liant d'argile. L'autre est construit en rondins de bois, retrouvés en excellente condition, écroulés sur un plancher aussi en bois. Par ailleurs, les vestiges d'une maçonnerie construite durant le Régime anglais démontrent que l'emploi d'un mortier de chaux a alors été privilégié à cette époque, procédé assurant plus de solidité à la structure qu'un liant d'argile. En plus des vestiges architecturaux, les fouilles ont mis au jour une bonne quantité d'artefacts et de restes fauniques témoignant des habitudes de vie des habitants du poste et des activités de chasse du milieu du XVIIIe siècle. Le site constitue ainsi un lieu clé pour comprendre la chasse au phoque sur la Basse-Côte-Nord au cours du Régime français.
La valeur patrimoniale du site repose en outre sur son intérêt scientifique. Des portions importantes demeurent intactes rendant ainsi son potentiel de recherche extrêmement élevé. Ce site est donc d'une grande importance pour la poursuite de la connaissance de l'occupation historique du golfe du Saint-Laurent.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.
Character-Defining Elements
Les éléments clés du site archéologique du Poste-de-Nétagamiou comprennent, notamment :
- sa situation sur le littoral du golfe du Saint-Laurent;
- le contexte naturel, dont la végétation, les cayes, la plage et la terrasse sablonneuse;
- les vestiges architecturaux in situ, dont les restes d'un bâtiment avec mur, dallage et âtre en maçonnerie sèche, un bâtiment de bois et un autre fait de pierres maçonnées liées avec du mortier découverts;
- les trous d'ancrage des filets présents sur les cayes;
- la portion résiduelle du site et ses composantes archéologiques.