Description of Historic Place
Le site historique du Fort-Jacques-Cartier-et-du-Manoir-Allsopp, classé en 1978, comprend les vestiges d'un poste militaire aménagé en 1759 ainsi qu'un ancien manoir seigneurial construit au milieu du XVIIIe siècle. Le fort Jacques-Cartier est un ouvrage fortifié de campagne dont l'aménagement a modifié la topographie du site, lequel présente encore des dépressions et des proéminences à l'emplacement des vestiges. Le manoir Allsopp est une résidence en pierre construite selon un plan rectangulaire d'un étage et demi et coiffée d'un toit à deux versants. Ses murs sont revêtus de planches à clins. Une annexe est greffée au mur nord. Un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu. Le site du Fort-Jacques-Cartier-et-du Manoir-Allsopp est situé en bordure du chemin du Roy, sur un promontoire, au confluent de la rivière Jacques-Cartier et du fleuve Saint-Laurent, dans la municipalité de Cap-Santé.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du site repose sur son intérêt historique. Le fort Jacques-Cartier est un théâtre de la guerre de la Conquête. Aménagé à partir du 27 septembre 1759 sur ordre de François de Lévis (1719-1787), il constitue la tête de pont des troupes françaises dans la vallée du Saint-Laurent entre la capitulation de Québec et celle de Montréal. Il est pris d'assaut par les Britanniques le 10 septembre 1760 et, après une courte bataille, la garnison française dépose les armes. Ce fort constitue ainsi l'un des derniers bastions de résistance des troupes françaises pendant la guerre de Sept Ans. Construite au milieu du XVIIIe siècle, la maison de ferme qui deviendra le manoir Allsopp est située à proximité de l'emplacement du fort. En 1759 et 1760, elle fait office de quartier général et d'hôpital pour le fort. En 1830, cette maison est acquise par la famille Allsopp et sert de manoir au seigneur de Jacques-Cartier et d'Auteuil jusqu'à l'abolition du régime seigneurial en 1854. Le site est ainsi un témoin important de la guerre de la Conquête et du régime seigneurial.
La valeur patrimoniale du site repose aussi sur son intérêt archéologique. Rare exemple d'une fortification de campagne, les vestiges révèlent les différents modes de construction employés pour élever les ouvrages défensifs et domestiques et relatent le contexte particulier dans lequel ils ont été érigés. Tous les vestiges découverts témoignent de la hâte ainsi que du manque de ressources et de temps disponibles pour construire ce fort. Constituées essentiellement de levées de terre, certaines structures défensives telles les plates-formes à canons sont néanmoins renforcées par des éléments de bois ou de pierre. Abondante et utile, la terre argileuse a servi pour ériger autant les ouvrages militaires que les murs des baraquements. D'usage courant pour les fortifications, ce matériau est cependant très peu employé pour la construction domestique au Québec, rappelant les moyens limités dont disposait l'armée française. L'étude des bâtiments (baraques, boulangerie, poudrière) et le matériel qu'ils renferment permettent de mieux comprendre l'organisation du fort et la vie quotidienne durant sa courte occupation. Les restes d'ossements animaux sont probablement ceux du bétail réquisitionné à la population environnante, tandis que la chasse a servi à compléter le menu des militaires. La découverte d'objets usuels (marmites, vaisselles, pipes à fumer) évoque des moments de la vie quotidienne, tandis que les pièces d'artillerie (boulets, balles) font bien état de la fonction militaire des lieux. Des quelques fortifications de campagne érigées pendant la guerre de la Conquête, le fort est la seule à nous être parvenue presque intacte. Il constitue donc une mine de renseignements unique pour documenter ce type d'ouvrage ainsi que les derniers efforts entrepris pour préserver la colonie française d'Amérique du Nord.
La valeur patrimoniale du site repose également sur son intérêt architectural. Le manoir Allsopp est représentatif de la maison rurale d'inspiration française. L'habitation, faite de pierre probablement tirée des carrières de calcaire locales, est caractéristique de cette architecture. Elle présente un volume simple composé d'un corps de logis bas et peu exhaussé et d'un toit aigu à deux versants droits formé d'une charpente complexe. De plus, ses ouvertures sont disposées asymétriquement. La partie est du bâtiment, ajoutée ultérieurement, montre un type d'agrandissement fréquent, car le carré initial est habituellement de dimensions réduites. Les lucarnes résultent de changements dans les manières d'habiter au XIXe siècle. Elles éclairent les combles qui ne servent plus seulement de grenier, mais comportent des chambres. Ces éléments sont des témoins de l'évolution architecturale de la maison rurale québécoise.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.
Character-Defining Elements
Les éléments clés du site historique du Fort-Jacques-Cartier-et-du-Manoir-Allsopp liés à ses intérêts historique et archéologique comprennent, notamment :
- son implantation en bordure de l'ancien chemin du Roy, sur un promontoire, au confluent de la rivière Jacques-Cartier et du fleuve Saint-Laurent;
- l'orientation de la façade du manoir vers le fleuve Saint-Laurent;
- les vestiges des structures domestiques et militaires, dont les baraques, la boulangerie, la poudrière, les plates-formes et les embrasures à canon;
- la topographie du site montrant l'emplacement des vestiges et la configuration générale du fort;
- la portion résiduelle du site renfermant des contextes archéologiques propices à la recherche et à l'interprétation du lieu.
Les éléments clés du site historique du Fort-Jacques-Cartier-et-du-Manoir-Allsopp liés à l'intérêt architectural du manoir comprennent, notamment :
- son volume, dont le corps de logis allongé bas et peu dégagé du sol, l'élévation d'un étage et demi, le toit aigu à deux versants droits peu saillants formé d'une charpente complexe (comprenant des fermes composées de deux arbalétriers, d'un poinçon, d'un entrait et d'aisseliers, ainsi que d'une panne faîtière, d'un sous-faîtage, de pannes et de planches posées à la verticale), l'annexe disposée en retour d'équerre contre le mur nord (plan rectangulaire, toit à croupes, élévation d'un étage et demi), le tambour, ainsi que la cheminée centrale et la cheminée du pignon est;
- ses matériaux, dont le solage en pierre des champs, la maçonnerie de moellons du corps de logis, les pignons en bois, la charpente en bois de l'annexe, le revêtement en planches à clins, les planches cornières, ainsi que les portes, les fenêtres et les chambranles moulurés en bois;
- ses ouvertures, dont les portes vitrées à panneaux, les fenêtres rectangulaires à battants à petits carreaux, les contrevents, les lucarnes à pignons du versant sud et les lucarnes à croupe du versant nord ainsi que les ouvertures de l'annexe (porte à double vantail à petits carreaux, fenêtres rectangulaires à petits carreaux, lucarne à croupe);
- les caractéristiques de l'intérieur, dont les murs recouverts de plâtre, les cloisons en planches verticales, les deux foyers, les poutres au plafond, les portes à panneaux, les boiseries et les plafonds à caissons du rez-de-chaussée.