Description of Historic Place
La maison Thomas-Fraser, dont la façade est classée monument historique, est une habitation en rangée de style victorien autrefois unifamiliale construite entre 1888 et 1890. La façade à parement en pierre de taille à bossage comprend trois étages, incluant le soubassement dégagé et le toit en fausse mansarde couvert d'ardoise, et se divise en deux travées couronnées de lucarnes. La travée de gauche présente un oriel à pans coupés aux deux premiers étages. La travée de droite comprend l'entrée principale, placée au sommet d'un escalier droit qui mène au rez-de-chaussée surélevé et surmontée d'un fronton. L'ornementation est assurée par des éléments en pierre de taille lisse (bandeaux, parties de l'oriel et chambranles) ainsi que par des éléments menuisés (corniche de l'oriel, frise du toit, fronton de la porte et chambranles des lucarnes). La maison Thomas-Fraser fait partie d'un groupe de quatre maisons aux façades de composition semblable. Elle est la quatrième d'un ensemble de seize maisons victoriennes contiguës ou mitoyennes, réunissant une maison et quinze façades classées. Cet ensemble est situé du côté ouest de la rue Jeanne-Mance, entre l'avenue du Président-Kennedy et la rue Sherbrooke, dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal. L'édifice bénéficie d'une aire de protection.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de la maison Thomas-Fraser repose sur son intérêt architectural. Cette maison, construite entre 1888 et 1890, est typique des résidences victoriennes en rangée érigées à Montréal à cette époque pour les familles aisées. Ces demeures bourgeoises étaient un substitut aux villas et aux grandes résidences individuelles devenues trop chères en raison du coût élevé des terrains. Habituellement conçues par des architectes, elles possèdent une ornementation élaborée qui emprunte à plusieurs courants et qui est représentative de l'architecture victorienne. La façade de la maison Thomas-Fraser illustre ce type par son parement en pierre de taille à bossage, son élévation de trois étages incluant le soubassement dégagé et le toit en fausse mansarde couvert d'ardoise, sa division en deux travées couronnées de lucarnes et son vocabulaire décoratif. La travée de gauche présente un oriel aux deux premiers étages. La travée de droite comprend l'entrée principale, placée au sommet d'un escalier droit qui mène au rez-de-chaussée et surmontée d'un fronton. Des éléments en pierre de taille lisse, tels les bandeaux, une partie du parement de l'oriel et les chambranles, rehaussent la façade. L'ornementation est complétée par des éléments menuisés, dont la corniche de l'oriel, la frise du toit, le fronton de l'entrée ainsi que les chambranles à fronton des lucarnes. Ces composantes contribuent aux jeux d'avancées et de reculs, de symétrie et de répétition qui rythment l'ensemble auquel appartient cette façade.
La valeur patrimoniale de la maison Thomas-Fraser repose aussi sur son intérêt ethnohistorique. Le traitement différent des étages correspond à la fonctionnalité intérieure d'origine, ce qui est une caractéristique des demeures bourgeoises victoriennes. Le soubassement abritait des services comme la cuisine et était desservi par une porte secondaire. Le rez-de-chaussée (l'étage noble), auquel mène l'escalier principal, était occupé par la famille propriétaire, tandis que les combles logeaient fort probablement les domestiques. Cette hiérarchie témoigne du mode de vie de la bourgeoisie, pour qui la maison est un symbole de réussite sociale et un lieu de préservation de l'intimité.
La valeur patrimoniale de la maison Thomas-Fraser repose également sur son intégration dans un ensemble remarquable. Cette maison fait partie d'un groupe de quatre demeures aux façades de composition semblable. Elle s'inscrit de plus dans une enfilade de seize résidences contiguës ou mitoyennes construites entre 1886 et 1890, du côté ouest de la rue Jeanne-Mance, sur un terrain au sud de la rue Sherbrooke présentant une forte dénivellation. Trois architectes bien établis à Montréal ont participé à cette réalisation, soit Alexander Cowper Hutchison (1838-1922), Alexander Francis Dunlop (1842-1923) et William McLea Walbank (1856-1909). La conservation de l'ensemble a été assurée par le classement en 1975 et 1977 de chacune de ses composantes importantes, dont la façade de la maison Thomas-Fraser. La protection de façades uniquement était une première au Québec, sinon au Canada. Ce geste a assuré la sauvegarde du dernier groupe d'habitations de ce type dans le secteur du centre-ville au sud de la rue Sherbrooke et à l'ouest de la rue Saint-Laurent ainsi que d'un paysage urbain typique de Montréal et des grandes villes nord-américaines.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2008.
Character-Defining Elements
Les éléments caractéristiques de la maison Thomas-Fraser incluent, notamment :
- son appartenance à un groupe de quatre demeures aux façades de composition semblable;
- sa situation dans un ensemble de seize maisons contiguës ou mitoyennes réunissant une maison et quinze façades classées;
- son implantation en recul de la rue;
- la division de la façade en trois étages (soubassement dégagé et rez-de-chaussée surélevé à parement en pierre de taille à bossage, fausse mansarde couverte d'ardoise) et en deux travées;
- les bandeaux en pierre de taille lisse et la frise menuisée à caissons flanquée de corbeaux;
- les composantes de la travée de gauche, dont l'oriel au parement en pierre de taille lisse pour le soubassement et en pierre de taille à bossage et lisse pour le rez-de-chaussée, la corniche en bois, la lucarne au chambranle menuisé à fronton orné d'un motif de colombage ainsi que les baies du soubassement;
- les composantes de la travée de droite, dont l'escalier droit menant à l'entrée principale, l'entablement et le fronton à motif rayonnant supporté par des consoles au-dessus, la lucarne au chambranle menuisé à fronton dentelé orné d'une frise et d'un motif rayonnant ainsi que l'entrée du soubassement sous le perron.