Description of Historic Place
La maison John-L.-Jensen, dont la façade est classée monument historique, est une habitation en rangée de style victorien autrefois unifamiliale construite entre 1887 et 1889. La façade à parement en pierre de taille à bossage compte trois étages, incluant le soubassement dégagé et le toit en fausse mansarde couvert d'ardoise, et se divise en deux travées couronnées de lucarnes. La travée de gauche présente un oriel à pans coupés aux deux premiers étages, surmonté d'un balcon protégé par un avant-toit. La travée de droite comprend l'entrée principale, placée au sommet d'un escalier droit qui mène au rez-de-chaussée surélevé. L'ornementation est assurée par des éléments en pierre de taille lisse (bandeaux, parties de l'oriel et chambranles) ainsi que par des éléments menuisés (corniche de l'oriel, frise du toit, porche, avant-toit et chambranles des lucarnes). La maison John-L.-Jensen fait partie d'un groupe de quatre maisons aux façades de composition semblable. Elle est la deuxième d'un ensemble de seize maisons victoriennes contiguës ou mitoyennes, réunissant une maison et quinze façades classées. Cet ensemble est situé du côté ouest de la rue Jeanne-Mance, entre l'avenue du Président-Kennedy et la rue Sherbrooke, dans l'arrondissement municipal de Ville-Marie de la ville de Montréal. L'édifice bénéficie d'une aire de protection.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de la maison John-L.-Jensen repose sur son intérêt architectural. Cette maison, construite entre 1887 et 1889, est typique des résidences victoriennes en rangée érigées à Montréal à cette époque pour les familles aisées. Ces demeures bourgeoises étaient un substitut aux villas et aux grandes résidences individuelles devenues trop chères en raison du coût élevé des terrains. Habituellement conçues par des architectes, elles possèdent une ornementation élaborée qui emprunte à plusieurs courants et qui est représentative de l'architecture victorienne. La façade de la maison John-L.-Jensen illustre ce type par son parement en pierre de taille à bossage, son élévation de trois étages incluant le soubassement dégagé et le toit en fausse mansarde couvert d'ardoise, sa division en deux travées couronnées de lucarnes et son vocabulaire décoratif. La travée de gauche présente un oriel aux deux premiers étages, surmonté d'un balcon protégé par un avant-toit. La travée de droite comprend l'entrée principale, placée au sommet d'un escalier droit qui mène au rez-de-chaussée, et un porche ouvert. Des éléments en pierre de taille lisse, tels les bandeaux, une partie du parement de l'oriel et les chambranles, rehaussent la façade. L'ornementation est complétée par des éléments menuisés, dont la corniche de l'oriel, la frise du toit, la balustrade et l'avant-toit à fronton du balcon, le porche à consoles au toit à l'impériale ainsi que les chambranles à fronton des lucarnes. Ces composantes contribuent aux jeux d'avancées et de reculs, de symétrie et de répétition qui rythment l'ensemble auquel appartient cette façade.
La valeur patrimoniale de la maison John-L.-Jensen repose aussi sur son intérêt ethnohistorique. Le traitement différent des étages correspond à la fonctionnalité intérieure d'origine, ce qui est une caractéristique des demeures bourgeoises victoriennes. Le soubassement abritait des services comme la cuisine et était desservi par une porte secondaire. Le rez-de-chaussée (l'étage noble), auquel mène l'escalier principal, était occupé par la famille propriétaire, tandis que les combles logeaient fort probablement les domestiques. Cette hiérarchie témoigne du mode de vie de la bourgeoisie pour qui la maison est un symbole de réussite sociale et un lieu de préservation de l'intimité.
La valeur patrimoniale de la maison John-L.-Jensen repose également sur son intégration dans un ensemble remarquable. Cette maison fait partie d'un groupe de quatre demeures aux façades de composition semblable. Elle s'inscrit de plus dans une enfilade de seize résidences contiguës ou mitoyennes construites entre 1886 et 1890, du côté ouest de la rue Jeanne-Mance, sur un terrain au sud de la rue Sherbrooke présentant une forte dénivellation. Trois architectes bien établis à Montréal ont participé à cette réalisation, soit Alexander Cowper Hutchison (1838-1922), Alexander Francis Dunlop (1842-1923) et William McLea Walbank (1856-1909). La conservation de l'ensemble a été assurée par le classement en 1975 et 1977 de chacune de ses composantes importantes, dont la façade de la maison John-L.-Jensen. La protection de façades uniquement était une première au Québec, sinon au Canada. Ce geste a assuré la sauvegarde du dernier groupe d'habitations de ce type dans le secteur du centre-ville au sud de la rue Sherbrooke et à l'ouest de la rue Saint-Laurent ainsi que d'un paysage urbain typique de Montréal et des grandes villes nord-américaines.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2008.
Character-Defining Elements
Les éléments caractéristiques de la maison John-L.-Jensen incluent, notamment :
- son appartenance à un groupe de quatre demeures aux façades de composition semblable;
- sa situation dans un ensemble de seize maisons contiguës ou mitoyennes réunissant une maison et quinze façades classées;
- son implantation en recul de la rue;
- la division de la façade en trois étages (soubassement dégagé et rez-de-chaussée surélevé à parement en pierre de taille à bossage, fausse mansarde couverte d'ardoise) et en deux travées;
- les bandeaux en pierre de taille lisse et la frise menuisée à glyphes et denticules flanquée de corbeaux;
- les composantes de la travée de gauche, dont l'oriel au parement en pierre de taille lisse pour le soubassement et en pierre de taille à bossage et lisse pour le rez-de-chaussée, la corniche en bois à denticules, le balcon à balustrade menuisée, la porte-fenêtre à baies latérales surmontée d'une imposte ornée d'un vitrail, l'avant-toit et la lucarne au chambranle menuisés à fronton orné de denticules et d'un motif d'épi ainsi que les baies du soubassement;
- les composantes de la travée de droite, dont l'escalier droit menant à l'entrée principale, le porche ouvert menuisé à consoles au toit à l'impériale, la lucarne au chambranle menuisé à fronton orné de denticules, d'un motif d'épi et d'une frise ajourée ainsi que l'entrée du soubassement sous le perron.