Description of Historic Place
La maison Madame-De La Peltrie, classée en 1964, est un édifice institutionnel à vocation éducative construit en 1836 et rehaussé en 1868. Le bâtiment en pierre, d'inspiration néoclassique, présente un plan rectangulaire à trois étages et est coiffé d'un toit à croupes. Cette maison fait partie de l'ensemble conventuel des Ursulines. Elle est située en milieu urbain, au coeur de l'arrondissement historique du Vieux-Québec. Un site inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec est associé au lieu.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de la maison Madame-De La Peltrie repose sur son intérêt historique. L'édifice témoigne du rôle essentiel de l'une des communautés religieuses fondatrices de la Nouvelle-France. En effet, les Ursulines arrivent à Québec en 1639 avec mère Marie de l'Incarnation (1599-1672) à leur tête. Elles ont pour mission l'éducation des jeunes filles françaises et amérindiennes. Leur institution, inaugurée en 1642, constitue la première école pour filles en Amérique du Nord. Construite en 1836, cette maison pallie un manque d'espace pour accueillir les élèves externes, leur nombre ayant augmenté avec l'admission de jeunes Irlandaises après la Conquête (1760). De 1857 à 1930, le bâtiment abrite la première école de formation des institutrices. Cette dernière était associée à l'école normale Laval, aménagée dans l'ancien château Haldimand (démoli en 1892), qui formait les instituteurs. La maison Madame-De La Peltrie évoque ainsi la diversité des activités éducatives des Ursulines de Québec.
La valeur patrimoniale de la maison Madame-De La Peltrie repose aussi sur son intérêt didactique. Depuis 1969, l'immeuble abrite un musée qui relate l'histoire et l'oeuvre des Ursulines de Québec. Ce musée illustre la vie des pensionnaires et des religieuses à travers des objets de la culture matérielle de la communauté (réfectoire et vaisselle d'étain, cellule et lit à quenouilles, infirmerie et chaise à crémaillère, atelier d'art et peintures, broderies et sculptures dorées, parloir et grilles). Il permet ainsi d'entrer dans l'univers de ces femmes et de mieux comprendre un mode de vie aujourd'hui disparu.
La valeur patrimoniale de la maison Madame-De La Peltrie repose également sur son implantation. L'édifice est érigé sur les fondations d'une maison bâtie en 1644 pour Marie-Madeleine de Chauvigny (1603-1671), connue comme madame de La Peltrie, fondatrice séculière des Ursulines. Il témoigne de l'ancienneté de l'occupation du lieu. Peu modifié depuis son exhaussement en 1868, il s'intègre bien à l'ensemble conventuel avec lequel il partage certaines caractéristiques architecturales, comme les murs en moellons ainsi que la disposition régulière des ouvertures.
La valeur patrimoniale de la maison Madame-De La Peltrie repose en outre sur son association avec deux grands architectes du XIXe siècle, soit Thomas Baillairgé (1791-1859) et Joseph Ferdinand Peachy (1830-1901). Baillairgé, qui a dessiné les plans du bâtiment, est considéré comme le premier architecte du Bas-Canada. Il figure parmi les principaux représentants du néoclassicisme au Québec et a fortement marqué l'architecture religieuse. Il a notamment reçu de nombreuses commandes du clergé et des communautés religieuses de Québec. Peachy, qui a réalisé l'agrandissement, est l'un des architectes les plus prolifiques de sa génération à Québec. Il devient d'ailleurs l'architecte attitré des Ursulines de Québec. La maison Madame-De La Peltrie, grâce à son bon état de conservation, constitue un témoin de l'oeuvre importante de ces deux hommes dans la ville de Québec.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.
Character-Defining Elements
Les éléments caractéristiques de la maison Madame-De La Peltrie incluent, notamment :
- la situation à l'extrémité est de l'ensemble conventuel des Ursulines;
- le volume, dont le plan rectangulaire à trois étages et demi et le toit à croupes;
- les matériaux, dont la maçonnerie de moellons crépie, la couverture en tôle à baguettes et les ouvertures en bois;
- les ouvertures disposées symétriquement et régulièrement, dont les fenêtres rectangulaires à grands carreaux, les lucarnes à croupe et les chambranles moulurés en bois;
- les composantes intérieures, dont les pièces de bois récupérées de la maison de 1644.