Description of Historic Place
Le fort Ingall, reconnu site historique et site archéologique, est un poste militaire érigé entre 1839 et 1841, et reconstitué dans les années 1970. La désignation comprend six bâtiments de diverses fonctions qui se trouvent à l'intérieur d'une palissade, soit les dortoirs nord et sud, le dortoir des officiers, le corps de garde, l'intendance et les latrines ainsi qu'un site archéologique inscrit à l'Inventaire des sites archéologiques du Québec. Le fort Ingall est situé dans la municipalité de Cabano, sur une terrasse surélevée en bordure du lac Témiscouata.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du fort Ingall réside dans son intérêt historique. Ce poste militaire est construit entre 1839 et 1841, sous la supervision du lieutenant Lennox Ingall de l'armée britannique, afin de prévenir les incursions américaines qui sont appréhendées dans la région du Madawaska pendant la guerre non déclarée d'Aroostook (1839-1842). Le conflit prend sa source dans le traité de Versailles en 1783, qui met un terme à la guerre de l'Indépendance américaine et définit la frontière entre l'Amérique du Nord britannique et les États-Unis. Pendant de nombreuses années, la ligne divisant la colonie du Nouveau-Brunswick et l'État du Maine est objet de controverse. En 1839, un affrontement entre bûcherons met le feu aux poudres. Les établissements acadiens du Madawaska, les communications entre les provinces britanniques et les vastes ressources forestières de la région sont en jeu. La construction du fort Ingall s'insère dans ce contexte. Constitué d'ouvrages en bois, le fort est une construction temporaire de type « ouvrage de campagne » (fieldwork). Il fait partie de la ligne de défense formée de quatre postes militaires (fort Ingall, fort Dégelé, poste du Petit-Sault et poste du Grand-Sault) pour assurer l'intégrité territoriale de l'Amérique du Nord britannique. Ses principales fonctions sont d'empêcher les Américains de se rendre au fleuve Saint-Laurent et de protéger le portage du Témiscouata, seule voie d'accès au sentier du Grand-Portage, qui relie Québec et Halifax par voie terrestre. Le 9 août 1842, le différend frontalier prend fin grâce à la ratification du traité Webster-Ashburton, qui est un compromis négocié. Le fort Ingall est un témoignage important de cette guerre qui a redéfini la frontière canado-américaine sans qu'un seul coup de feu ait jamais été tiré.
La valeur patrimoniale du fort réside également dans son intérêt archéologique. D'une part, les recherches ont permis de mettre au jour plusieurs bâtiments originaux situés dans l'enceinte du fort (notamment les dortoirs des soldats et des officiers, le corps de garde, la poudrière, l'intendance, la boulangerie, la cuisine et les latrines), des structures secondaires comme un four à chaux et deux puits, de même que le tracé du système défensif de l'enceinte palissadée. La fouille de ces vestiges a également permis de documenter les modes de construction employés pour ériger ces différentes structures, pour la plupart faites de bois, et de faire ressortir les diverses techniques utilisées et les moyens investis pour mettre sur pied le fort. L'étude de certains bâtiments permet même d'interpréter le statut social de ses occupants, notamment en regard du dortoir des officiers qui démontre une meilleure qualité de construction que les dortoirs des simples soldats. Les renseignements recueillis ont aussi fortement contribué à la reconstitution « in situ » de la palissade et de six des structures mises au jour. L'analyse des vestiges et objets découverts (céramique, verres, objets de toilette, insignes militaires, canons de fusils, coutellerie, éléments de quincaillerie, etc.) témoigne également des modes de vie prévalant dans ce fort britannique du XIXe siècle et de l'organisation intérieure de cet établissement. La portion résiduelle du site rend possible la poursuite des fouilles et l'élaboration de nouvelles avenues de recherche.
La valeur patrimoniale du fort repose en outre sur son intérêt didactique. La reconstitution de six de ses onze bâtiments originaux en fait un lieu d'interprétation historique, archéologique et architecturale illustrant la vie des soldats britanniques en garnison et offrant une fenêtre sur un moment précis de l'histoire (1839-1842). Grâce à cette nouvelle vocation, le fort Ingall est devenu un site important d'animation et de diffusion culturelle de la région du Témiscouata.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2009.
Character-Defining Elements
Les éléments clés du fort Ingall liés à sa valeur historique et archéologique incluent, notamment :
- sa situation stratégique sur une terrasse surélevée, de la rive ouest du lac Témiscouata, à l'extrémité sud du portage du même nom;
- ses vestiges archéologiques, dont ceux de la palissade, de l'intendance, des dortoirs des soldats et des officiers, du corps de garde, des latrines, de la cuisine, de la boulangerie, de la poudrière, des deux puits, du four à chaux, du quartier des officiers et de la cabane à canots;
- ses vestiges, couches de sol et objets toujours enfouis et comportant un potentiel de recherche et d'interprétation du lieu.
Les éléments clés du fort Ingall liés à sa valeur didactique incluent, notamment :
- ses six bâtiments reconstitués, dont l'intendance, les dortoirs nord et sud construits en pièce sur pièce (troncs d'épinette et de cèdre) selon la technique à coulisse, avec les angles des murs mortaisés en queue d'aronde, le dortoir des officiers aux murs recouverts de planches à clins blanchies à la chaux, le corps de garde, dont le second étage en saillie, ainsi que les latrines;
- sa palissade reconstituée comprenant les trois bastions, les deux demi-bastions, les deux portes, dont une massive à deux battants, et le pont;
- ses aménagements et expositions diffusant l'histoire du site.