Description of Historic Place
Le secteur de l'église Sainte-Anne, constitué en site du patrimoine, est un ensemble institutionnel de tradition catholique. Il comprend une église, un presbytère et un cimetière. Érigée de 1875 à 1877 et agrandie en 1901, l'église en pierre présente un plan rectangulaire avec un choeur plus étroit à chevet plat. Une sacristie en pierre, de plan carré et dotée d'une abside à pans coupés, est implantée dans le prolongement longitudinal de l'église. Elle est coiffée d'un toit mansardé. Le presbytère, en brique, se compose d'un volume principal rectangulaire, d'un étage et demi, coiffé d'un toit à deux versants, auquel se greffe un second corps de logis de plan carré, d'un étage, coiffé d'un toit brisé. Le presbytère est situé en retrait de la rue sur un vaste terrain planté d'arbres matures. Le cimetière est contigu à l'église et au presbytère. Le secteur de l'église Sainte-Anne est situé sur une élévation lui procurant une grande visibilité dans l'arrondissement municipal de Chicoutimi de la ville de Saguenay.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du secteur de l'église Sainte-Anne repose sur son intérêt architectural. Érigée de 1875 à 1877, l'église est typique des lieux de culte catholiques du dernier quart du XIXe siècle au Québec. L'église est agrandie en 1901 d'après les plans de l'architecte David Ouellet (1844-1915). Elle est alors dotée d'une nouvelle façade dont l'architecture s'inscrit dans le courant éclectique. L'éclectisme est un assemblage d'éléments architecturaux et ornementaux puisés dans les divers styles historiques et associés librement dans une recherche de monumentalité. Au début du XXe siècle, l'Église catholique québécoise y recourt souvent dans la construction de ses lieux de culte. La façade de l'église Sainte-Anne, en pierre de taille à bossage, avec une tour-clocher centrale engagée, concentre l'essentiel d'un décor architectural reflétant bien cette recherche d'effets visuels nouveaux caractéristique de l'éclectisme. Le presbytère construit en 1874 et 1875 est l'objet de peu de modifications. Il est représentatif de la maison québécoise d'inspiration néoclassique. Dominant le paysage rural québécois au XIXe siècle, celle-ci adopte un plan rectangulaire, d'un étage et demi, coiffé d'un toit à deux versants retroussés percé de lucarnes. Ce type d'habitation fait la synthèse de la tradition architecturale d'esprit français du XVIIIe siècle et d'apports formels d'origine britannique. Il découle également d'une nouvelle manière d'occuper les espaces. Le presbytère de la paroisse Sainte-Anne est caractéristique de la maison néoclassique, par son volume d'un étage et demi, son toit légèrement retroussé et par la composition symétrique de sa façade où la porte centrale est flanquée de deux fenêtres de part et d'autre. Le corps de logis secondaire, implanté en équerre à l'arrière, rappelle les cuisines d'été souvent présentes dans ce type d'habitation.
La valeur patrimoniale du secteur de l'église Sainte-Anne repose aussi sur son intérêt historique. Il est un témoin de l'origine de l'arrondissement municipal de Chicoutimi. La colonisation de ce lieu commence en 1842. En 1844, Émilien Tremblay, Ambroise Gagnon et Jean Tremblay s'établissent dans le secteur du cap Saint-Joseph situé dans ce qui devient plus tard Chicoutimi-Nord. Au cours des années suivantes, d'autres familles de colons viennent les rejoindre. Leur nombre justifie alors la construction d'une chapelle. Cette dernière est inaugurée le 2 octobre 1859. La paroisse Sainte-Anne reçoit son premier curé résidant l'année suivante; elle est érigée canoniquement en 1863. Pendant la quinzaine d'années suivantes, la paroisse Sainte-Anne se dote d'un cimetière (1873), d'un presbytère (1874) et d'une église en pierre (1875). Ces trois structures, qui constituent aujourd'hui le secteur de l'église Sainte-Anne, évoquent l'établissement de la communauté au XIXe siècle.
La valeur patrimoniale du secteur de l'église Sainte-Anne repose en outre sur son intérêt ethnologique. Le site devient très tôt un lieu de pèlerinage important dans la région. Dès 1878, les étudiants du Séminaire de Chicoutimi viennent y exprimer leur dévotion à sainte Anne. Le premier pèlerinage populaire se tient le 30 juillet 1895. Il marque alors l'émergence d'une tradition religieuse qui va se perpétuer jusqu'à nos jours. Ce culte rendu à la mère de la Vierge Marie est pratiqué au Québec depuis le XVIIe siècle. De nos jours, l'église Sainte-Anne est encore fréquentée par les pèlerins.
Source : Ville de Saguenay, 2008.
Character-Defining Elements
Les éléments caractéristiques du secteur de l'église Sainte-Anne liés à son intérêt historique et ethnologique comprennent, notamment :
- la présence de l'église, du presbytère, du cimetière et du monument à sainte Anne;
- la situation de l'église parallèle à la rue;
- la situation du presbytère, en retrait de la rue, sur un terrain gazonné comportant des arbres matures;
- la situation du cimetière contigu à l'emplacement de l'église et du presbytère;
- la position surélevée du site permettant à l'église Sainte-Anne de dominer ce quartier de la ville;
- la statue de sainte Anne placée dans la niche dominant la façade;
- la pierre portant la date de 1901 au-dessus du portail de l'église;
- la grille en fer forgé du cimetière.
Les éléments caractéristiques de l'église Sainte-Anne liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan rectangulaire, sans transept, terminé par un choeur plus étroit à chevet plat, le toit à trois versants, le volume de la sacristie adjacente à un étage, de plan carré, avec son abside à pans coupés, coiffé d'un toit brisé à trois versants, le volume du chemin couvert, d'un étage, coiffé d'un toit en appentis;
- les matériaux, dont la maçonnerie en moellon de l'église et de la sacristie, la couverture en tôle à baguettes, la tôle recouvrant la flèche du clocher de même que les corniches et divers éléments décoratifs, le bois des ouvertures et du portique de la sacristie;
- la façade, dont la maçonnerie en pierre de taille à bossage, la tour-clocher centrale engagée, la symétrie des ouvertures cintrées;
- l'ornementation, dont les chaînes d'angle harpées, les bandeaux de pierre de la tour, les archivoltes des ouvertures avec leurs clefs de voûte, la niche à statue au sommet de la tour, les corniches à modénature accentuée, les motifs de fronton sur la tour et la flèche, les pièces d'amortissement couronnant les angles de la façade et de la tour, les arcades géminées de la chambre des cloches, les motifs en ressaut ou en creux ornant la flèche.
Les éléments caractéristiques du presbytère liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- son volume, dont le corps de logis principal, de plan rectangulaire, d'un étage et demi, coiffé d'un toit à deux versants retroussés percé de lucarnes, l'annexe implantée en retour d'équerre, de plan carré, d'un étage, coiffé d'un toit brisé;
- les matériaux, dont la maçonnerie en brique, la couverture en tôle à baguettes, le bois des éléments architecturaux;
- les ouvertures, dont les fenêtres en façade disposées symétriquement, le portail central flanqué d'étroites fenêtres latérales;
- l'ornementation sobre, dont le motif de fronton et le traitement de la maçonnerie en brique sur les colonnes soutenant le toit de la galerie.