Description of Historic Place
L'église et le mur du cimetière de Saint-Mathias, classés en 1957, forment un enclos paroissial de tradition catholique. La désignation ne s'applique toutefois pas au terrain délimité par le mur et servant de cimetière. L'église en pierre, construite de 1784 à 1788, est agrandie par le choeur et modifiée en façade en 1817 et 1818. Elle présente un plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle. Sa façade très simple est surmontée d'un clocher à deux lanternes posé sur le faîte du toit aigu à deux versants légèrement retroussés. Érigée en 1817 et 1818 à l'emplacement d'un bâtiment précédent, la sacristie, également en pierre, se greffe à l'abside dans le prolongement du choeur. L'édifice, de plan rectangulaire à un étage et demi, est coiffé d'un toit à deux versants droits. Un chemin couvert le relie au bras sud du transept. Le mur en pierre qui ceinture le cimetière, élevé en 1817 et 1818, se greffe de part et d'autre de la façade de l'église. Du côté de la rue principale, il est percé de portails cintrés couronnés d'un pignon. Deux petits bâtiments en pierre servant de charniers occupent les angles, l'un construit en même temps que le mur et l'autre datant de 1864. L'enclos paroissial se situe au coeur du noyau villageois de la municipalité de Saint-Mathias-du-Richelieu, face à la rivière Richelieu.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de l'église et du mur du cimetière de Saint-Mathias repose sur leur représentativité en tant qu'enclos paroissial. L'ensemble illustre un type d'aménagement hérité du Moyen Âge. Situé au coeur du noyau villageois, il se compose de l'église entourée du cimetière et d'un mur en pierre qui ferme l'espace sacré. Ce mur est le plus élaboré parmi ceux qui subsistent au Québec en raison de ses deux portails et de ses deux petits bâtiments d'angle. Celui construit en même temps que le mur servait à l'origine de chapelle des morts, alors que l'autre est utilisé comme charnier dès sa construction en 1864. Comme le veut la tradition, le choeur de l'église est orienté vers le soleil levant, symbole du Christ ressuscité. Il est prolongé par la sacristie, selon une disposition courante de la fin du XVIIIe siècle jusqu'au début du XXe siècle. Les enclos paroissiaux disparaissent au milieu du XIXe siècle, quand les cimetières sont aménagés en périphérie des centres urbains ou villageois et dissociés des ensembles religieux. Avec l'église construite de 1784 à 1788 et le mur élevé en 1817 et 1818, cet enclos figure parmi les plus anciens, les plus rares et les plus complets à subsister.
La valeur patrimoniale de l'église repose aussi sur son intérêt architectural. Le lieu de culte illustre la persistance de l'architecture religieuse d'inspiration française à la fin du XVIIIe siècle et certaines adaptations au contexte. Il est représentatif de la tradition architecturale française par sa maçonnerie de moellons, son plan en croix latine, sa façade très simple surmontée d'un clocher posé sur le faîte et son toit aigu à deux versants légèrement retroussés. Comme c'est le cas pour plusieurs églises, la façade a été mise au goût du jour, vraisemblablement en 1817 et 1818, avec l'ajout des portes et des fenêtres latérales. Dans le même esprit, le clocher à lanterne simple a été remplacé par le clocher actuel, qui est à deux lanternes. L'église de Saint-Mathias illustre ainsi l'évolution de l'architecture religieuse au tournant du XIXe siècle.
La valeur patrimoniale de l'église repose également sur l'intérêt de son décor intérieur. Celui-ci est l'un des plus complets et des plus représentatifs de la production ornemaniste de l'atelier des Écores. Le maître-autel de Louis Quévillon (1749-1823), avec son tombeau à la romaine et son tabernacle savamment travaillés, témoigne de l'influence de Philippe Liébert (1733-1804) sur les sculpteurs de cet atelier. La luxuriance de son ornementation est caractéristique du vocabulaire exploité à Saint-Vincent-de-Paul, tout comme les autres composantes du décor exécutées par René Beauvais dit Saint-James (1785-1837) et Paul Rollin (1789-1855), assistés de Jean-Baptiste Baret et François Dugal (1794-1862). Parmi celles-ci se trouvent la fausse voûte du transept et du choeur ornée de bas-reliefs, la coupole à la croisée du transept, les retables dont celui du choeur avec ses colonnes jumelées à guirlandes et son entablement, de même que la chaire très élaborée, le banc d'oeuvre et les trônes curial et épiscopal. Peu d'églises comprennent un ensemble regroupant ces quatre derniers éléments. Les tribunes arrière et les galeries latérales complètent le décor. L'église compte aussi une très rare lampe de sanctuaire en bois. Le décor de l'église de Saint-Mathias figure aujourd'hui parmi les beaux exemples de l'art ancien du Québec.
Source : Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, 2007.
Character-Defining Elements
Les éléments clés liés à la représentativité de l'enclos paroissial de Saint-Mathias comprennent, notamment :
- la situation, au coeur du noyau villageois, face à la rivière Richelieu;
- les composantes, dont l'église et le mur en pierre ceinturant le cimetière et flanquant l'église (coiffé d'un chaperon en bardeaux et doté en façade de deux portails percés ouvertures cintrées au chambranle en pierre de taille et surmontés d'un pignon ainsi que de deux petits bâtiments d'angle).
Les éléments clés liés à l'intérêt architectural de l'église comprennent, notamment :
- le volume, dont le plan en croix latine composé d'une nef à un vaisseau, d'un transept et d'un choeur plus étroit terminé par une abside en hémicycle, le toit aigu à deux versants légèrement retroussés (pourvu de croupes au transept), le clocher à deux lanternes posé sur le faîte en façade, la sacristie dans le prolongement du choeur et le chemin couvert reliant la sacristie au bras sud du transept;
- les matériaux, dont la maçonnerie de moellons et certains détails en pierre de taille, la couverture en tôle à la canadienne, le revêtement en tôle du clocher ainsi que les ouvertures et la corniche en bois;
- les composantes de la façade, dont la grande porte centrale et les portes latérales cintrées, les deux fenêtres cintrées, l'oculus ainsi que les chambranles avec imposte en pierre de taille;
- les composantes des longs-pans, du transept et du choeur, dont les fenêtres cintrées ainsi que les chambranles avec imposte en pierre de taille;
- la sacristie de plan rectangulaire à un étage et demi, son toit à deux versants droits, ses fenêtres rectangulaires à battants ainsi que les chambranles en pierre de taille;
- les composantes du chemin couvert, dont le revêtement de planches verticales, le toit à deux versants droits et les fenêtres à battants.
Les éléments clés du décor intérieur de l'église comprennent, notamment :
- le décor architectural très ornementé, dont la fausse voûte à losanges du transept et du choeur (rehaussée de bas-reliefs dorés représentant le Christ dans le désert et la Nativité dans le choeur), la fausse voûte à rayons du cul-de-four (rehaussée d'une gloire), la fausse coupole polygonale à la croisée du transept, la fausse voûte en arc surbaissé de la nef (rehaussée de gloires), le retable d'ordre corinthien du choeur (incluant des colonnes jumelées décorées de guirlandes et un entablement avec corniche en plein cintre), les retables latéraux d'ordre composite à fronton, l'entablement du choeur et de la nef ainsi que les deux tribunes arrière et les galeries latérales galbées et supportées par des colonnes ioniques;
- le mobilier liturgique, dont le maître-autel doté d'un tombeau à la romaine et d'un tabernacle très ornementés, les autels latéraux, la chaire très élaborée avec sa cuve bombée et son abat-voix hexagonal, le banc d'oeuvre d'ordre corinthien à fronton cintré et couronnement ainsi que les trônes curial et épiscopal d'ordre corinthien à corniche en arc surbaissé et couronnement;
- la lampe du sanctuaire en bois doré.