Description of Historic Place
L'Îlette-au-Pé, constituée site du patrimoine, est un lieu de villégiature aménagé en 1957. Il se compose d'une petite île où est implanté un chalet; une passerelle en bois relie l'île à sa voisine. Le chalet en bois, construit sur pilotis, de plan en « L » et à un étage, est coiffé d'un toit à deux versants de faible pente. Il comporte une véranda en façade. L'île comprend plusieurs arbres matures. L'Îlette-au-Pé est située dans l'archipel des îles de Sorel, dans la municipalité de Sainte-Anne-de-Sorel.
Heritage Value
La valeur patrimoniale de l'Îlette-au-Pé repose sur son association avec Germaine Guèvremont (1893-1968). Cette dernière fréquente l'Îlette-au-Pé à partir de 1920. En 1957, elle se fait construire un chalet sur cette petite île déserte parmi les 103 composant l'archipel des îles de Sorel. Germaine Grignon naît à Saint-Jérôme, mais grandit à Sainte-Scholastique dans un milieu où la littérature tient une place importante. Ses études l'amènent à Toronto où elle apprend l'anglais et le piano. Elle revient ensuite à Sainte-Scholastique et travaille occasionnellement au palais de justice et pour des avocats de passage. En 1916, elle épouse Hyacinthe Guèvremont, originaire de Sorel, et le couple s'installe à Ottawa. En 1920, la famille Guèvremont s'établit à Sorel. Tout en élevant ses quatre enfants, Germaine Guèvremont devient journaliste pour les journaux « The Gazette » de Montréal et le « Courrier de Sorel ». En 1935, la famille déménage à Montréal. À partir de 1938, Germaine Guèvremont collabore à la revue « Paysanna », de Françoise Gaudet-Smet. Elle y écrit des contes dont plusieurs ont pour toile de fond les îles de Sorel. La plupart de ceux-ci sont publiés dans le recueil « En pleine terre » en 1942. Le premier roman de cette femme de lettres, « Le Survenant », est édité en 1945. L'histoire se situe au début des années 1910. Elle évoque le séjour d'un étranger chez une famille de paysans du chenal du Moine à Sainte-Anne-de-Sorel. Le livre paru à Montréal et à Paris connaît un succès immédiat et remporte des prix au Québec et en France. Radio-Canada diffuse une adaptation radiophonique du roman dès 1947. L'auteure écrit alors une suite intitulée « Marie-Didace ». C'est toutefois l'adaptation télévisuelle de ces deux oeuvres par la romancière qui contribue le plus à la rendre célèbre. De 1954 à 1960, les séries « Le Survenant » et « Marie-Didace » marquent de façon déterminante les débuts de la télévision québécoise. Dans la mémoire collective, le nom de Germaine Guèvremont reste à jamais associé au paysage des îles de Sorel.
La valeur patrimoniale de l'Îlette-au-Pé repose en outre sur son intérêt historique. Alfred Guèvremont (1855-1935), notaire et beau-père de l'écrivaine, acquiert une petite île de Sainte-Anne-de-Sorel en 1911. Il y laisse paître son cheval quand il va à son camp de chasse et de pêche sur l'île voisine, l'île aux Fantômes. Son propriétaire précédent, Olivier Paul, nomme l'île de ses initiales, « O.P. ». Au décès de son père, le mari de Germaine Guèvremont hérite de l'île. Cette dernière rebaptise l'endroit « Îlette-au-Pé ». En 1957, la romancière souhaite se faire construire une maison d'été sur cet îlot désert. Elle aime aller y méditer, écrire et chasser; son mari est cependant en désaccord. Elle décide alors d'utiliser ses fonds personnels, outrepassant ainsi la loi. En effet, le Code civil du Québec de l'époque accorde au mari tous les droits juridiques. Sans l'autorisation de son mari, la femme ne peut ni acheter, ni faire ou accepter une donation, ni commercer, ni intenter d'action, ni contracter, ni administrer ses biens meubles et immeubles. Cette situation ne change qu'après la modification du Code civil du Québec, en 1964. Le chalet de Germaine Guèvremont est vraisemblablement la première maison construite par une Québécoise avec ses droits d'auteur.
La valeur patrimoniale de l'Îlette-au-Pé repose enfin sur son intérêt architectural. Le chalet de Germaine Guèvremont est représentatif des petites installations de villégiature du milieu du XXe siècle. Il en est caractéristique par ses dimensions et son architecture sobre en bois. Le chalet se démarque cependant des autres, car il est construit sur pilotis. Ce genre de construction est typique des milieux inondables, comme il y en a plusieurs sur les îles de Sorel.
Source : Municipalité de Sainte-Anne-de-Sorel, 2008.
Character-Defining Elements
Les éléments caractéristiques de l'Îlette-au-Pé liés à son intérêt historique comprennent, notamment :
- sa situation dans l'archipel des îles de Sorel, dans la municipalité de Sainte-Anne-de-Sorel;
- la nature à l'état sauvage sur tout l'îlot, comprenant des arbres matures.
Les éléments caractéristiques du chalet liés à son intérêt architectural comprennent, notamment :
- sa structure de pilotis le soutenant;
- son volume, dont son plan en « L », l'élévation d'un étage, le toit à deux versants droits de faible pente;
- ses matériaux, dont le parement en planche verticale au niveau des pilotis, le parement en bardeau d'amiante et en planche à clins au niveau habitable, la couverture en bardeau d'asphalte, le bois des baies et de la véranda.