Description of Historic Place
Le vieux palais de justice de Montréal, reconnu monument historique, est un édifice institutionnel d'inspiration néoclassique construit de 1851 à 1857 et agrandi en 1890. La désignation inclut une annexe d'esprit Beaux-Arts érigée de 1903 à 1905. Le bâtiment principal en pierre grise se compose d'un corps central rectangulaire rehaussé d'un portique monumental à colonnade et flanqué de deux ailes latérales bien dégagées. Haut de quatre étages, il est coiffé par un toit en terrasse bordé d'une balustrade qui supporte un étage central de cinq travées couronné d'un dôme. L'annexe en pierre est greffée un peu en retrait sur le côté ouest. L'ensemble est situé entre le Champs-de-Mars et la rue Notre-Dame, immédiatement à l'est du palais de justice actuel et face à l'édifice Ernest-Cormier, au coeur de l'arrondissement historique de Montréal.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du vieux palais de justice de Montréal repose sur son intérêt architectural. L'immeuble témoigne de la popularité des styles classiques dans la conception des édifices publics au XIXe et au début du XXe siècle. D'inspiration palladienne, il résulte d'un concours organisé en 1849 par le département des Travaux publics et remporté par les architectes John Ostell (1813-1892) et Henri-Maurice Perrault (1828-1903). Le style palladien, apparu en Amérique du Nord vers 1815, propose un retour à la Renaissance italienne et une certaine austérité. Le vieux palais de justice en est une illustration notamment par les ailes latérales encadrant un corps central, la division de la façade en trois registres (soubassement, registre noble composé de deux étages et étage en attique) et l'ornementation sobre issue de la tradition classique. Le portique repose sur une base voûtée et comprend six colonnes ioniques supportant un large fronton triangulaire. Le toit en terrasse est bordé d'une balustrade. La construction de l'édifice s'achève en 1857, année de la mise en place d'une réforme préparée par l'honorable George-Étienne Cartier (1814-1873). Celle-ci prévoit, entre autres, la création d'un plan type pour les palais de justice de district. L'architecture du vieux palais de justice de Montréal se distingue donc de celle des édifices judiciaires qui seront érigés conformément à ce plan type. Le bâtiment est complété en 1890 par l'ajout d'un étage central de cinq travées et d'un dôme, témoignant de la persistance de l'emploi des formes classiques. Par ailleurs, l'annexe construite en 1905 s'inscrit dans l'esprit Beaux-Arts. Ce courant, dérivé de l'enseignement de l'École des beaux-arts de Paris, se caractérise par la symétrie, les parements clairs généralement en pierre, les compositions monumentales et le recours au vocabulaire classique. L'annexe en pierre de taille s'y rattache par la composition tripartite de sa façade, les ornements classiques du portique et le toit en terrasse bordé d'une balustrade. Le vieux palais de justice de Montréal évoque ainsi la solennité de la fonction judiciaire au Bas-Canada et au Québec.
La valeur patrimoniale du vieux palais de justice de Montréal repose aussi sur son intérêt pour l'histoire judiciaire. L'occupation des lieux reflète l'évolution du système judiciaire au Canada et au Québec. Après la Conquête, la résidence de la Compagnie de Jésus, élevée sur cet emplacement appartenant à la communauté depuis 1692, sert à l'administration de la justice. L'Acte judiciaire de 1793 (34 George III, chapitre 6) divise le Bas-Canada en districts judiciaires et entraîne la construction de nombreux palais de justice, qui logent à la fois les tribunaux supérieurs et inférieurs. En 1800, le gouvernement démolit donc la résidence des Jésuites afin d'ériger un palais de justice. Celui-ci est la proie des flammes en 1844, et le château De Ramezay servira de salle d'audience de 1844 à 1857. Le bâtiment principal actuel rappelle, par ses dimensions, la coexistence des deux niveaux de tribunaux et la taille du territoire desservi avant la réforme de 1857. Il est l'un des derniers témoins de l'ancien système judiciaire, bien qu'il n'ait rempli son rôle qu'après l'adoption de la réforme. Utilisé pour sa fonction d'origine jusqu'en 1971, le vieux palais de justice s'élève à proximité du palais de justice actuel, de l'édifice Ernest-Cormier (la Cour d'appel) ainsi que du château De Ramezay et forme avec ces derniers un ensemble qui relate l'histoire judiciaire de Montréal.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2007.
Character-Defining Elements
Les caractéristiques liées à la valeur architecturale du bâtiment principal incluent, notamment :
- le volume, dont le plan rectangulaire du corps central, les ailes latérales bien dégagées, l'élévation de quatre étages, le toit en terrasse, l'étage central de cinq travées et le dôme;
- les matériaux, dont la maçonnerie en pierre grise à joints en V pour le soubassement et à joints pleins pour les autres étages ainsi que la couverture en cuivre du dôme;
- les éléments de la façade principale, dont la division en trois registres (soubassement, registre noble de deux étages et étage en attique), le portique central hors oeuvre (doté de six colonnes ioniques cannelées et d'un fronton triangulaire), les fenêtres rectangulaires (à guillotine ou à battants à grands carreaux) et les chambranles à fronton triangulaire des quatre fenêtres du portique;
- les éléments de la façade arrière, dont la division en trois registres (soubassement, registre noble de trois étages et étage en attique) et la disposition symétrique des fenêtres rectangulaires;
- la façade latérale ouest ornée de colonnes à chapiteaux ioniques;
- les éléments ornementaux, dont les bandeaux en pierre entre les étages, les chaînes d'angle, la balustrade en pierre du toit, la corniche à modillons, les tables ornementées de l'attique, la porte en bois à imposte et fenêtres latérales ainsi que les chambranles en pierre.
Les caractéristiques liées à la valeur architecturale de l'annexe incluent, notamment :
- le volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation de quatre étages et le toit en terrasse;
- les matériaux, dont le rez-de-chaussée en pierre taillée en rondin, les premier et deuxième étages en pierre à joints à baguette et l'attique en pierre lisse à joints pleins;
- les éléments de la façade principale, dont la division en trois registres (soubassement, registre noble de deux étages et étage en attique) séparés par des bandeaux, l'avant-corps central (porte centrale vitrée à double battant surmontée d'une imposte cintrée à carreaux et couronnée d'une arcade, portes latérales simples, grande fenêtre cintrée s'élevant sur deux étages et couronnée d'une clé, pilastres et fronton triangulaire brisé), les fenêtres rectangulaires, les frontons sculptés des fenêtres du deuxième étage, les linteaux des fenêtres du soubassement, les fenêtres cintrées ébrasées du troisième étage et l'escalier central en pierre grise.
Les caractéristiques du vieux palais de justice de Montréal liées à son intérêt historique incluent, notamment :
- sa situation dans un secteur institutionnel, la façade principale donnant sur la rue Notre-Dame et la façade arrière soignée donnant sur le Champs-de-Mars, au coeur de l'arrondissement historique de Montréal;
- la proximité du palais de justice actuel, de l'édifice Ernest-Cormier (la Cour d'appel) et du château De Ramezay.