Description of Historic Place
Le domaine Cimon, classé site historique, est un ancien ensemble agricole aménagé à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. La désignation comprend une maison en pièce sur pièce lambrissée de planches à clins, ses dépendances ainsi qu'un vaste terrain. La résidence, construite entre 1862 et 1870, est une maison québécoise d'influence néoclassique. De plan rectangulaire à un étage et demi, elle est coiffée d'un toit à deux versants retroussés protégeant un perron occupant toute la largeur de la façade avant. Les dépendances incluent un chalet-atelier, deux hangars et deux remises. À l'exception du chalet-atelier situé en retrait, ces bâtiments sont regroupés près de la maison. L'ensemble prend place sur un vaste terrain paysager, planté de nombreux arbustes et arbres matures. Le domaine Cimon, bordé à l'est par la rivière du Gouffre, est un îlot de nature dans le noyau villageois de la ville de Baie-Saint-Paul.
Heritage Value
La valeur patrimoniale du domaine Cimon repose sur son importance pour l'histoire de l'art québécois et canadien du XXe siècle. En effet, de grandes figures de la peinture ont oeuvré à cet endroit. Alors que le domaine était la propriété de François-Xavier Cimon (mort en 1941), celui-ci loue une partie de sa terre au peintre portraitiste américain Frederick Porter Vinton (1846-1911), qui y construit un atelier de peinture vers 1900. Après le départ de Vinton, l'atelier est préservé. Il accueille au cours des années suivantes Clarence Gagnon (1881-1942), qui y séjourne à plusieurs reprises. Cet artiste québécois, qui s'est illustré comme graveur, peintre et illustrateur, était très attaché à Charlevoix, et plusieurs de ses paysages bien connus représentent la région. C'est à son invitation que plusieurs artistes viennent peindre au domaine Cimon, dont Marc-Aurèle Fortin (1888-1970), René Richard (1895-1982) et des membres du Groupe des Sept, tels qu'Alexander Young Jackson (1882-1974), Francis Hans Johnston (1888-1949), Arthur Lismer (1885-1969) et Edwin Headley Holgate (1892-1977). Pour sa part, le peintre Richard y séjourne pour la première fois en 1939. Il y fait la rencontre de Blanche Cimon, la fille du propriétaire, qu'il épouse en 1942 et avec qui il s'établit sur le domaine paternel dont elle a hérité. Richard passe à Baie-Saint-Paul le reste de sa vie, qu'il consacre à la peinture. Vers la fin des années 1960, il rédige ses mémoires qui sont édités plus tard sous le titre de « René Richard, ma vie passée ». Par ailleurs, sa vie et son parcours artistiques inspirent à Gabrielle Roy (1909-1983), auteure et amie, son roman « La Montagne secrète », publié en 1961. Richard illustre l'édition de luxe parue en 1975. Le chalet-atelier ainsi que la maison et son annexe, avec leurs grandes baies, témoignent d'anciens lieux de création associés à plusieurs artistes québécois et canadiens importants, et plus particulièrement à René Richard.
La valeur patrimoniale du domaine Cimon repose également sur la représentativité de la résidence par rapport à la maison québécoise d'influence néoclassique et à la maison charlevoisienne du XIXe siècle, qui est essentiellement une habitation traditionnelle en bois. La résidence du domaine Cimon, construite entre 1862 et 1870, est caractéristique de ce type par son carré bas en pièce sur pièce lambrissé de planches à clins, son toit à deux versants retroussés formant un avant-toit, son perron et sa cuisine d'été annexée en retour d'équerre. L'influence néoclassique se révèle notamment dans l'organisation symétrique de la façade, la grande lucarne centrale, les chambranles classiques et les planches cornières. Cette demeure est intégrée à un ancien ensemble agricole comprenant des dépendances, et qui constitue aujourd'hui une enclave de nature dans le noyau villageois de Baie-Saint-Paul.
Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2007.
Character-Defining Elements
Les éléments caractéristiques du domaine Cimon liés à son implantation comprennent, notamment :
- sa situation dans un environnement boisé, dans le noyau villageois de la ville de Baie-Saint-Paul;
- sa délimitation à l'est par la rivière du Gouffre ainsi que par un muret en cailloux et une clôture en perches le long des rues Clarence-Gagnon et Saint-Jean-Baptiste;
- son entrée marquée par une grille en fer.
Les éléments caractéristiques du domaine Cimon liés à son aménagement paysager comprennent, notamment :
- les arbustes et les arbres matures de différentes essences.
Les éléments caractéristiques de la résidence liés à son intérêt pour l'histoire de l'art québécois comprennent, notamment :
- la présence du chalet-atelier, avec sa grande lucarne éclairant l'espace de travail de l'artiste;
- la présence de la grande baie éclairant le pignon de l'annexe de la maison, autrefois atelier de René Richard;
- la présence de plaques commémorant les peintres Clarence Gagnon et René Richard.
Les éléments caractéristiques de la résidence liés à sa représentativité comme maison québécoise d'influence néoclassique comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi ainsi que le toit à deux versants retroussés;
- ses matériaux, dont la structure en pièce sur pièce, le parement de planches à clins et la couverture en bardeaux de cèdre;
- ses ouvertures disposées à l'avant de façon ordonnée et symétrique, dont les fenêtres rectangulaires à battants en bois à grands carreaux, la porte d'entrée rectangulaire ainsi que les lucarnes à pignon (celle du centre étant plus grande);
- ses éléments décoratifs, dont les chambranles rappelant un ordre simplifié, les planches cornières moulurées ainsi que les ornements des lucarnes (moulures, tympans triangulaires et bardeaux de bois découpés);
- le perron occupant toute la largeur de la façade;
- la cheminée en brique adossée à l'un des murs pignons;
- la cuisine d'été annexée en retour d'équerre, son toit à deux versants droits, sa galerie protégée et sa souche de cheminée.
Les éléments caractéristiques de la résidence liés à l'intérêt de son intérieur comprennent, notamment :
- les revêtements au rez-de-chaussée, dont les murs en plâtre et les plafonds lambrissés en planches à couvre-joint;
- les revêtements à l'étage, dont les murs, les planchers et les plafonds lambrissés en planches.
Les éléments caractéristiques du chalet-atelier comprennent, notamment;
- son petit volume, dont le plan rectangulaire, l'élévation d'un étage et demi et le toit à deux versants légèrement retroussés;
- ses matériaux, dont les planches à clins des murs, les bardeaux en cèdre de la lucarne et la tôle profilée de la couverture;
- ses ouvertures, dont la porte rectangulaire, les fenêtres rectangulaires (une double et l'autre à triple vantail avec imposte) et celle en losange ainsi que la lucarne en appentis;
- ses éléments menuisés, dont les chambranles et les planches cornières;
- l'entrée du mur pignon, soulignée par un porche en charpente simple et au toit à deux versants abritant une galerie;
- l'annexe en appentis prolongeant un mur latéral;
- les deux petites annexes, soit l'une en appentis et sur pilotis et l'autre au toit à deux versants, disposées contre l'autre mur latéral;
- la souche de cheminée en brique.
Les éléments caractéristiques des dépendances comprennent, notamment :
- le grand hangar en pièce sur pièce, son parement de planches verticales, son toit à deux versants droits couvert de tôle profilée, sa porte en bois à double vantail (avec vitrage, fer ornemental et contrevents en bois) ainsi que ses fenêtres à carreaux;
- le petit hangar en pièce sur pièce et son toit en appentis;
- la grande remise en bois de plan rectangulaire et son toit à deux versants droits;
- la petite remise en blocs de ciment et son toit en pavillon.